Mgr Georges Pontier | 19 mai 2025
« Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. »
Ce commandement de l'amour n'est pas totalement nouveau. Déjà le Premier Testament le contient. On y voit le périmètre de l'amour s'élargir à mesure des expériences vécues. Ainsi au retour de l'exil où ils avaient vécu en étrangers en Egypte, Moïse et les patriarches vont l'étendre jusqu'à l'amour des étrangers qui vivent au milieu d'eux. Plus tard, les prophètes purifieront les pratiques du jeûne et de la prière par l'engagement réel pour la justice et l'amour dans la société.
C'est vraiment le « comme je vous ai aimés » qui donne tout son poids au commandement donné par Jésus. « Comme je vous ai aimés » : ils l'ont déjà vu au cours de sa vie publique avec son souci des malades, des foules affamées, des personnes rejetées comme la femme adultère et encore dans son enseignement. Pensons à la parabole du Père de l'enfant prodigue ou à celle du Bon samaritain. Avant de donner ce commandement, il vient de se mettre à genoux devant eux et à laver les pieds de tous ses disciples, Judas y compris. Ils vont voir bientôt jusqu'où Il aime, au moment de sa passion et de la croix avec sa prière au Père : « Père, pardonne-leur ils ne savent pas ce qu'ils font. »
« Comme je vous ai aimés », c'est une révélation de la manière dont Dieu nous aime. Gratuitement. Il n'aime pas selon les mérites de l'être aimé. Il aime parce qu'il est une source d'amour, et qu'il n'est qu'amour. L'amour de Dieu se déverse sur tous.
Je vous propose d'approcher cet amour dont Dieu nous aime à l'aide de trois formules :
Il nous aime jusqu'au bout, jusqu'au bout de l'amour en donnant toujours plus d'amour. Et c'est bien cela que Jésus nous révèle. St Jean disait : « Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, aima les siens jusqu'à l'extrême. », l'extrême de l'amour qui est la miséricorde, le pardon, la fidélité.
Il nous aime malgré tout, malgré que nous ne le méritions pas, malgré nos péchés, nos trahisons, nos indifférences, nos rejets. Malgré toutes les raisons qu'il y aurait de ne plus aimer. Son amour ne se mesure pas aux mérites. Son amour est gratuit ou grâce, comme nous disons encore.
Enfin Il nous aime au-delà de tout : au-delà de nos rejets et au-delà même de la mort. Là, Il nous accueille et nous introduit dans sa vie qui n'est qu'amour. Et son amour comme le buisson ardent de Moïse brûlera en nous tout ce qui est mort pour que ne restent que la lumière et la chaleur de l'amour. Il sera tout en tous.
Alors comment devenir nous aussi ceux qui aiment comme Dieu, jusqu'au bout, malgré tout, au-delà de tout. Comment accueillir la lumière et le feu de son Esprit-Saint qui en nos cœurs vient bruler tout ce qui nous empêche d'aimer, d'aller plus loin, toujours plus loin, dans l'amour et le don de soi ?
« A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » Jésus fait de l'amour entre nous, de l'amour fraternel, le meilleur critère pour reconnaître ceux qui sont animés par son Esprit, la meilleure manière de le révéler et de témoigner. L'Eglise en est le sacrement, le signe, en rassemblant des hommes de toute race, peuple et langue, en une même famille. Et chacun de nous doit être un acteur délibéré et convaincu de la civilisation de l'amour qui sort du cœur de Dieu.
Oui, Seigneur, nous t'en supplions, apprends-nous à aimer comme tu nous as aimés. » jusqu'à l'extrême et malgré tout ! Mgr Georges Pontier