Mgr Georges Pontier | 18 juin 2023
Dans la fin des années soixante, le cardinal Marty, archevêque de Paris et originaire d'Occitanie avait lâché ce mot qui eut un grand retentissement : « J'embauche ». Il ne cherchait pas autre chose que de répercuter le soupir de compassion de Jésus : « Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elle, parce qu'elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. » C'était le début de sa vie publique sur les routes de Galilée et de Judée. Il avait passé une trentaine d'années à Nazareth, il avait connu la mission de Jean Baptiste réveillant ses contemporains dans leur foi au Dieu de l'Alliance. Il voyait le contexte du pays, occupé par les Romains. Il était surtout habité par le cœur de son Père, Dieu de tendresse et de bonté qui l'avait envoyé pour révéler sa compassion pour les hommes qu'il avait appelé à la vie. « La preuve que Dieu nous aime, écrira Paul aux Romains comme nous l'entendions dans la deuxième lecture, c'est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. » Et Jésus appelle ses douze disciples pour qu'ils aillent témoigner de la bonté de Dieu dont ils étaient témoins à travers son envers les petits, les malades, les éprouvés de la vie, les abattus, les déboussolés au sens premier de ce mot, ceux qui ont perdu la boussole et ne savent plus vers où se tourner. Il leur recommande de prier pour que le maître de la moisson envoie des ouvriers pour la moisson. Et après les avoir appelés et envoyés, il leur dit : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » Tout est don !
Telle est encore et toujours notre mission, la mission de l'Église : « témoigner de la compassion de Dieu à l'égard de notre Humanité. » Il l'a manifestée dans notre histoire par son Fils bien aimé, Jésus, le Christ, vrai Dieu et vrai homme, venu vivre notre vie, y connaître ses joies et ses peines, faire don de lui-même et révéler le chemin du salut : l'amour toujours et jusqu'au bout. Et nous-même, nous voilà envoyés pour témoigner de la lumière, de la joie, de la paix, de la confiance que nous avons trouvée en Christ. Il nous a conduit à connaître le Père et à l'accueillir en nos cœurs par le don de l'Esprit-Saint. Nous nous savons aimés. Nous croyons que nous venons de sa générosité profonde. Nous savons que Dieu ne nous aime pas parce que nous le méritons, mais parce que nous sommes ses enfants et que ce n'est qu'en Lui que nous trouvons notre boussole, notre paix, notre chemin avant d'être en Lui au-delà de cette vie. Nous avons reçu gratuitement le don de la foi. Nous en témoignons gratuitement. Nous ne cherchons pas autre chose que ceci : Que Dieu soit reconnu comme la source de notre vie, le compagnon de notre existence, le sauveur de ce qui nous abime, nous désespère, nous divise, nous abime. Dieu est amour et nous a faits à son image : pour demeurer dans l'amour.
Alors retenons les deux conseils de Jésus : celui de prier pour que Dieu envoie aujourd'hui pour sa moisson les ouvriers dont a besoin la moisson prête mais guettée par la sécheresse et l'ivraie qui l'habite. Et parmi ses ouvriers, parmi ces baptisés, qu'Il appelle en particulier des prêtres pour le service de ce peuple et de tous les hommes, pour célébrer les merveilles de la bonté de notre Dieu et être des bergers selon son cœur.
Et puis donnons gratuitement le témoignage de l'amour de Dieu pour les hommes, en aimant nous aussi cette humanité d'aujourd'hui en ayant de la compassion pour elle, en nous faisant proches des souffrants, de ceux et celles qui sont le plus éprouvés, en nous engageant sur les chemins de l'accueil et du soutien fraternel.
Seigneur, ton regard d'amour nous a touchés, la connaissance de ton Fils Jésus nous a fortifiés, l'accueil de ton Esprit nous console et nous fortifie. Fais de nous les témoins de ton amour.
Amen