Homélie du Dimanche 18 Février 2024

Mgr Georges Pontier |  20 février 2024

Le premier dimanche de carême nous rapporte chaque année le récit des tentations de Jésus conduit par l'Esprit au désert après son baptême. L'évangéliste Marc ne décrit pas les trois tentations comme le font Matthieu et Luc. Il se contente d'en mentionner le fait. Nous l'avions déjà dit : Marc au début de son récit évangélique ne traine pas. Il veut arriver au cœur de son projet : l'annonce de la bonne nouvelle par Jésus. « Après l'arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l'Evangile de Dieu ; il disait : « les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez vous et croyez à l'Évangile. »

« Convertissez vous et croyez à l'Evangile », nous l'avons entendu de la bouche de celui qui nous imposait les Cendres, mercredi dernier. Voilà bien l'objet de ce temps de carême : fortifier notre foi en l'Evangile, renouveler, au terme, les promesses de notre baptême ou plus exactement les « engagements de notre baptême » comme le disait l'apôtre Pierre dans la lecture : « le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l'engagement envers Dieu d'une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ, Lui qui est à la droite de Dieu. ».

Notre baptême, vivre une vie de baptisé n'est pas conclu en un instant, le jour même de sa célébration. C'est entrer dans une alliance de vie voulue et proposée par Dieu, scellée dans l'offrande de la vie du Fils bien-aimé qui, par son sang versé et offert, nous rend capables d'avancer avec l'engagement d'une conscience droite éclairée par la lumière de l'Esprit. L'engagement de Dieu est irrévocable, le nôtre est toujours à reprendre au souffle de l'Esprit. Nous voilà, nous aussi, conduits aux déserts de nos vies, ces moments de chaque jour et de chaque instant, pour choisir la vie et le bonheur et non ce qui nous conduit dans l'obscurité de notre faiblesse et de notre péché. Et voilà que notre baptême nous indique le cap : tu es fils bien-aimé du Père ; tout être humain, appelé à la vie par Dieu est ton frère, ta sœur. Et voilà la boussole de nos vies, la lumière de l'Esprit : Mets ta confiance en Dieu, ne la mets pas ailleurs, ni en toi-même seul, ni dans les mirages du pouvoir, de la richesse matérielle ou du plaisir fugace. Et ensuite vis la fraternité universelle, n'endurcie pas ton cœur, laisse toi habiter par une juste compassion pour tes semblables à l'image de celle de Dieu révélée par le Christ.

Comme Jésus après le baptême de Jean est conduit au désert où il va choisir la fidélité à sa vocation de fils et de frère, ainsi nous autres durant ce temps de carême nous sommes remis devant les choix de nos vies : sont-ils fidèles à notre baptême ? En qui repose finalement notre confiance ? Quel monde contribuons nous à construire ?

Voilà cette heureuse pause du carême : Où va ma vie ? Qu'est-ce qui la guide ? Où est l'écoute de ma conscience ? Comment je la forme et la laisse être éclairée par la lumière de ma foi en l'amour de Dieu, en l'évangile ? Sur quels points rectifier mes pensées, mes paroles, mes actes, mes omissions comme le suggère la prière du « je confesse » ? Où en est mon désir de Dieu, ma confiance en sa fidélité, en l'accomplissement de sa promesse ?

La vierge Marie nous a montré la route, elle que sa parente Elizabeth accueillait en lui disant : « Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Soyons les heureux témoins de l'amour que Dieu nous porte. Soyons des bâtisseurs d'amour. Mgr Georges Pontier