Mgr Georges Pontier | 18 décembre 2022
La liturgie nous fait lire cette semaine qui précède Noël ces moments uniques et décisifs où le désir et le projet de Dieu viennent croiser la volonté et les projets des hommes. Mardi nous lirons le récit de l'annonciation à Marie, demain lundi nous entendrons celui de l'annonce de la naissance de Jean le baptiste et la réponse de Zacharie et d'Elisabeth. Aujourd'hui, en cette année où nous lisons l'évangile de Matthieu, nous communions au combat intérieur dans le cœur de Joseph, cet homme Juste, comme il est appelé, qui dans une nuit de réflexion comme il peut nous en arriver se demande ce qu'il doit faire : respecter la loi juive et renvoyer Marie qui lui a été promise comme épouse et qui se trouve enceinte avant qu'ils aient vécu ensemble ou l'accueillir chez lui en s'ouvrant à une œuvre qui ne vient pas du péché mais de celui qui vient vaincre le péché, celui qui grâce à lui entre ainsi dans la lignée de David ?
Contemplons ce Dieu qui se révèle dans la puissance de son désir de sauver cette humanité qu'il aime en se faisant proche d'elle, et son humilité qui ne veut rien imposer ni rien faire sans le consentement de l'homme. L'Esprit Saint vient accomplir l'œuvre du salut, mais ne veut rien accomplir sans le oui de Joseph et de Marie, ou sans celui de Zacharie et d'Elisabeth, comme il ne pourra rien faire sans le consentement de chacun de ses enfants les hommes à son projet de salut. Le nom même de celui qui est annoncé nous révèle ce mystère du salut, œuvre accomplie par Dieu dans son désir d'amour, mais œuvre qui ne peut s'accomplir sans le consentement de l'homme. Il s'appellera « Jésus : c'est à dire Dieu sauve du péché », c'est-à-dire du refus de Dieu. » Il s'appellera encore « Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous. » ; Etre sauvé du refus de Dieu, de l'orgueil qui est le péché d'origine. Croire au Dieu avec nous, voilà le chemin du salut.
Comment ne pas se rappeler ces nuits de prière de Jésus durant sa vie terrestre où s'ajuste sa volonté humaine à celle du Père ? Nous le voyons dès le début de l'évangile dans ce long temps de désert où il choisit la manière humble, servante, offerte d'accomplir sa mission. Nous le retrouvons en prière la nuit à plusieurs moments avant de prendre de grandes décisions, comme celle d'appeler ses premiers disciples. Nous le voyons encore dans la nuit de Gethsémani redire une fois de plus : « non pas ma volonté mais la tienne » Et comment ne pas nommer la nuit de la résurrection où le Père conduit sa victoire sur la mort et le péché en le ressuscitant ?
Oui, telle est notre foi en ce Dieu d'amour qui ne cesse d'accomplir sa volonté de salut pour l'homme et de l'accomplir dans un dialogue incessant avec les hommes pour vaincre en eux la lourdeur, l'erreur et le mensonge du péché. Que de combats intérieurs dans la vie des croyants ? Que de combats intérieurs pour reconnaître et choisir la volonté de Dieu ? Que de combats intérieurs pour recevoir sa vocation ici-bas et y rester fidèle dans le mariage ou le célibat consacré, dans la vie religieuse ou le sacerdoce ? Que de combats intérieurs pour s'ouvrir au cœur de la souffrance à la fidélité de Dieu et à la foi en son accueil bienveillant au-delà de cette vie terrestre ?
La nuit vécue par Joseph à se demander où se trouve la volonté de Dieu est éclairée par la parole de l'ange qui l'invite à ne pas avoir peur de la volonté de Dieu : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit-Saint. »
« Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. »
Telle est la joie de Celui de celui qui entre dans la joie de son maître, dans la joie de son Père et qui sans crainte dit « Père, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Amen