Arnaud de Percin | 17 novembre 2024
Chers frères et sœurs,
Marc a un discours, comme une sorte de petite apocalypse, dont nous venons de proclamer un extrait. Ce discours est marqué par deux réalités
-d'une part, la création qui se défait : le soleil et la lune s'obscurcissent, les étoiles tombent du ciel ;
-d'autre part, les relations entre les hommes qui sombrent dans le chaos.
L'Evangile ne nous promet pas un règne de Dieu paisible sur la terre, un monde pacifié, mais au contraire il nous laisse entrevoir une progression de la division entre les hommes, ainsi qu'une progression de la division entre l'homme et la création avec des guerres, des famines, mais aussi des catastrophes naturelles, que nous constatons tous les jours…
Rien de nouveau, serions-nous tentés de dire : il n'y a pas besoin d'attendre la fin des temps pour voir la création abimée et les relations tendues entre les hommes.
Alors voyons La présence fragile du Christ dans le monde et son retour
En fait ces réalités-là ne sont pas l'essentiel de ce discours apocalyptique. Le cœur du message du Christ c'est lui-même, sa personne, son mystère pascal, sa présence fragile dans le monde et son retour à la fin des temps.
Nous n'avons pas ce matin à nous poser la question de savoir quand et comment tout cela arrivera, ouvrons les yeux, c'est déjà là ! mais nous avons à reprendre conscience que notre vie de foi ici-bas consiste déjà en une rencontre avec le Christ Jésus, et que chaque jour qui passe nous rapproche de la rencontre dans la claire vision avec Celui qui ne cesse de se rapprocher de nous. Nous n'attendons pas un temps spécifique, nous n'attendons pas un lieu et des circonstances bien précises : nous allons à la rencontre d'une personne.
Notre espérance a un visage : celui du Christ ressuscité
Cela ne signifie pas que nous ayons à nous détourner de la vie présente, bien au contraire : nous voulons tirer parti de l'histoire présente, de notre vie quotidienne, des aléas de nos relations interpersonnelles, pour apprendre à reconnaître et apprendre à laisser advenir la présence du Christ parmi nous.
Même quand le soleil s'obscurcit ou que le climat se dérègle, même lorsqu'il fait sombre dans notre vie ou que nous avons l'impression d'entrer dans une nuit sans lune, ne nous fions pas aux interprétations complotistes qui abiment la vie et la qualité de nos relations avec les autres ; pas de vains discours lorsque les étoiles semblent tomber du ciel, mais juste ce regard de foi, d'espérance et de charité, ce regard qui devrait caractériser notre vie chrétienne.
La parabole du figuier qui bourgeonne, annonçant l'été tout proche, dit que la perspective de la fin ne nous détourne pas de la vie présente, mais nous invite à envisager notre avenir avec un regard d'espérance : ce regard qui nous donne d'apprendre, de comprendre, de connaître et de reconnaître ce qui est, ce qui advient, ce qui est l'œuvre et la volonté de Dieu. Notre espérance a un visage : le visage du Seigneur ressuscité qui vient « avec puissance et gloire ».
Alors devenons des pauvres de cœur. Regardons le Christ pauvre
Le cœur du message de l'évangile de ce matin c'est la venue du Christ qui rassemble les hommes de bonne volonté « des quatre vents, de l'extrémité de la terre et à l'extrémité du ciel ». Quelles que soient les tonalités ou les couleurs apocalyptiques de notre existence, ne perdons pas de temps à lire notre horoscope mais passons plutôt, chaque matin, quelques minutes à nous demander quelle parole de paix nous pourrions dire, quel geste d'aide nous pourrions poser aujourd'hui : nous avons à discerner dans notre quotidien où est la vie, où nous appelle la vie.
Ce dimanche pour les pauvres nous rappelle que nous sommes toutes et tous des pauvres, bien souvent entourés d'encore plus pauvres que nous. Regardons-les : le Christ Jésus est parmi eux. Avec lui, avec eux tous, devenons des pauvres de cœur, vigilants, excluant aussi bien l'impatience que l'assoupissement, aussi bien les fuites en avant que les emprisonnements de notre époque.
Alors, chacun de nous, sachons prendre le temps de regarder le Christ pauvre, il est à nos côtés et il change notre cœur. Amen. Arnaud de Percin, diacre