Mgr Georges Pontier | 16 mars 2025
En ce deuxième dimanche de carême, la liturgie vient nous conforter dans notre marche vers Pâques. La première lecture nous a rappelé l'alliance de Dieu avec Abraham, la première alliance. Sans autre signe que celui de la promesse de Dieu, Abraham a cru, avant même de voir le fruit de la promesse. C'est sa descendance qui recevra ce que Dieu lui promet. Il fait confiance.
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » dira Jésus ressuscité à l'apôtre Thomas après la résurrection. Thomas n'a pas cru le témoignage des autres disciples, disant que Jésus était ressuscité, qu'Il leur était apparu. C'est que pour Thomas la mort de Jésus sur la croix avait anéanti tous ses espoirs mis en Jésus. Il n'avait pas triomphé de ses ennemis…du moins de la manière dont il l'attendait, lui. Jésus en croix, Jésus mort et enterré, c'était la fin d'une belle histoire. C'est bien vrai que lorsque nous rencontrons des épreuves profondes, quand la confiance mise en quelqu'un ou dans un projet est ébranlée, quand notre confiance mise en Dieu ne se traduit pas dans ce qui nous arrive dans la vie et que l'épreuve est là, nous sommes ébranlés. Spontanément, nous ressemblons plus à Thomas qu'à Abraham !
Jésus connaît le cœur de l'homme et vient justement guérir ce cœur de l'homme, le sauver du manque de confiance en l'amour de Dieu pour lui. Jésus sait cela. Alors il prépare ses disciples à l'épreuve qu'il va vivre et qu'ils vont vivre dans quelques semaines lorsqu'il va montrer son amour jusqu'au bout : l'amour de Dieu qui aime jusqu'au bout du possible, et l'amour d'un cœur d'homme, le sien, qui dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font » « Père, entre te mains je remets mon esprit. »
Alors Jésus prépare Pierre, Jacques et Jean. Avec eux Il va prier sur la montagne. Là Il veut renforcer leur foi en lui. Le voilà entouré de Moïse et d'Elie, c'est-à-dire de celui qui a reçu la loi de Dieu sur la montagne du Sinaï et l'a communiquée à son peuple. Et Elie le prophète, celui qui, comme tous les prophètes, a bousculé le peuple hébreu en l'invitant à ne pas laisser sa foi en la promesse de Dieu bousculée, détruite par les épreuves de la vie. Qu'eux aussi, Pierre, Jacques et Jean ne perdent pas confiance en Jésus qu'ils suivent, à cause des épreuves de la vie qu'il va rencontrer. Et voilà que plus encore, la voix de Dieu résonne pour eux : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi : écoutez-le. » Ayez confiance au Fils bien-aimé dans son amour jusqu'au bout.
Nous le savons, il faudra le don de l'Esprit-Saint à Pentecôte pour que leur cœur s'ouvre totalement à la compréhension du mystère, de l'œuvre de Dieu qui s'accomplissait dans le destin du Fils bien-aimé, livré par amour pour notre salut.
Chers frères et Sœurs, nous voilà nous aussi, menant le combat de Dieu, les yeux fixés sur le Christ comme disait la liturgie du jour des cendres. Le combat de Dieu pour soutenir le cœur des hommes, leur cœur de fils et leur cœur de frères, pour les soutenir au moment des épreuves, pour qu'ils demeurent dans l'amour et ne se transforment pas en démons au moment des épreuves, capables alors d'abandonner leur confiance en Dieu et capables de vivre entre eux comme des ennemis, des adversaires et même de se détruire. La vie nous montre bien que le risque existe !
Le Christ en croix guérit le cœur des hommes : Il triomphe du désespoir et de la revanche. Il triomphe du doute profond envers le Père et du désir de vengeance par rapport aux hommes. il montre la puissance de vie qu'il y a dans la confiance au Père et dans le pardon des ennemis !
Durant ce carême, le Seigneur guérit nos cœurs. N'oublions pas notre baptême, notre confirmation. N'oublions pas le sacrement du pardon. N'oublions pas l'eucharistie, nourriture de la foi. Vivons en enfants de lumière. Laissons-nous réconcilier avec Dieu, Laissons-nous réconcilier avec nos semblables. Soyons vainqueurs de la haine. Vivons dans la confiance en Dieu et soyons acteurs de fraternité. Mgr Georges Pontier