Homélie du Dimanche 16 Février 2025

Mgr Georges Pontier |  17 février 2025

L'évangéliste Luc nous présente Jésus descendant de la montagne après une nuit de prière à l'issue de laquelle il a choisi et appelé ceux qui vont devenir les Douze. Le voilà dans la plaine où il retrouve beaucoup de ses disciples et des foules venant de toute la région. Il contemple la foule de ceux qui le suivent. « Jésus, levant les yeux sur ses disciples, » déclare ces béatitudes que nous venons d'entendre. Après ce premier temps de mission il contemple ceux qui viennent à sa suite et y voit beaucoup de petits, de pauvres, de sans grade, beaucoup de malades, d'affamés et de souffrants. Il rejoint le cri des prophètes : « Heureux est l'homme qui met sa foi dans le Seigneur. » Il déclare que cela est plus naturel aux pauvres qu'aux riches.

Luc écrit pour une communauté issue du paganisme composée de gens du peuple. Il insiste sur cette confiance en Dieu source du bonheur, porte d'entrée dans le Royaume de Dieu. A d'autres moments de son évangile il mettra en valeur ce bonheur que connaissent ceux qui mettent leur confiance en Dieu. Déjà le cantique de Marie chez sa cousine Elizabeth rappellera ces mots : « Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles. Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. » Luc encore nous rapporte cette parabole sur le royaume des cieux dans laquelle nous voyons le riche qui ignore et méprise le pauvre Lazare qui se tient à sa porte. Après leur mort il montre Lazare dans le sein d'Abraham et le riche dans les tourments de l'enfer. Il montre encore le jeune homme riche qui vient voir Jésus pour lui demander ce qu'il lui faut faire pour avoir en héritage la vie éternelle, pour acheter la vie éternelle, pourrait-on dire. Et Jésus de lui dire : « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres puis viens et suis-moi. Mais lui, ayant de grands biens, s'en alla tout triste. » Il attirera l'attention de ses apôtres en leur disant : « Comme il sera difficile pour un riche d'entrer dans le royaume des cieux ! »

Luc pose la question de ce qui habite notre cœur, de ce à qui ou à quoi nous faisons finalement confiance : à nous-même, à nos richesses ou bien à Dieu et aux autres. Que dit notre vie de nous-mêmes. La vie des pauvres dit la confiance en Dieu, celle des riches la confiance en eux-mêmes et dans leurs biens matériels. Ils assurent eux-mêmes leurs arrières !

Or le bonheur se trouve dans la confiance en Dieu et aux autres, dans le détachement de soi-même, dans l'ouverture. Profondément nous sommes des fils de Dieu et des frères les uns pour les autres. Ils sont innombrables les témoignages de ceux et celles qui trouvent leur bonheur non pas en accumulant des biens matériels mais en donnant et en partageant, en s'engageant pour le service et le bonheur des autres. C'est bien cet oubli de soi qui habite le cœur des mères et des pères pour leur enfant, qui met en mouvement ceux qui s'engagent dans des vies pour les autres et ceux qui choisissent une vie où la première place est faite à Dieu. Ils sont réconfortants ces témoignages des gens en grande fragilité matérielle qui expriment leur confiance en Dieu et dans l'engagement pour des relations solidaires. Un certain nombre de catéchumènes témoignent de ce chemin de joie et de bonheur qu'ils vivent depuis qu'ils ont découvert l'amour de Dieu pour eux et le chemin de la fraternité humaine.

En cette année du jubilé, entendons le Christ nous redire le chemin qui mène au bonheur, celui de la confiance en Dieu et de l'amour des frères. Contemplons-le dans sa vie terrestre : Il a aimé jusqu'au bout. Il a mis sa confiance en son Père. Il a résisté aux tentations du démon de mettre ailleurs sa confiance !  Que l'écoute et la méditation de la Parole de Dieu, que la vie de prière et la vie sacramentelle soient la nourriture de notre cœur pour en faire des cœurs confiants et généreux, ouverts aux autres. Soyons des témoins joyeux et fraternels de la vérité de cette béatitude : « Heureux est l'homme qui met sa foi dans le Seigneur. »  « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. » « Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera. » Mgr Georges Pontier