Mgr Georges Pontier | 16 avril 2023
Huit jours après la fête de Pâques, la liturgie nous conduit dans la naissance de la foi dans le cœur des Apôtres et de Thomas particulièrement, au Dieu riche en miséricorde, vainqueur du péché et de la mort.
Nous voyons Jésus ressuscité se rendre présent d'une manière nouvelle au milieu des disciples rassemblés. Que vient-il apporter ? Que vient-il faire au milieu d'eux ? des reproches mérités par leur attitude durant la passion ? Non, il vient porter le salut, le salut pascal : « la paix soit avec vous. » Dans leurs cœurs troublés par le drame de la passion et de sa mort, dans leurs cœurs vivant dans la crainte de subir le même sort que leur maître, dans leurs cœurs verrouillés dans les limites des conceptions humaines, Jésus ressuscité vient libérer une parole de vie, une parole de miséricorde et de paix : « la paix soit avec vous ». Il vient libérer les cœurs verrouillés, les cœurs incapables d'imaginer l'existence du Dieu qui pardonne, qui aime jusqu'au bout, qui n'écrase pas, qui prend sur lui le péché des hommes et en triomphe par la miséricorde et le don de la paix : « La paix soit avec vous. » Oui, Il a donné sa vie pour que l'amour triomphe de la haine, la vie de la mort, la miséricorde de la vengeance. Il vient ouvrir une espérance qui ne déçoit pas, qui relève, qui ouvre les portes des tombeaux.
Et Lui le vainqueur du péché et de la mort Il vient confier à ces fragiles hommes la puissance de l'Esprit qui en Dieu unit le Père et le Fils. Il souffle sur eux, comme il souffla au moment de la création et leur dit : « Recevez l'Esprit-Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » L'Église a vu là le désir du Ressuscité de permettre que jusque à la fin des temps puisse être dit de sa part à tous ceux qui s'approchent du sacrement de la Réconciliation et de celui de l'eucharistie et bien sûr du baptême, la même parole qui sauve : « Je te pardonne tes péchés au nom de celui qui est le miséricordieux. Va et ne pèche plus. »
Et Thomas, notre jumeau, par son absence et son refus de croire sans voir les plaies qui l'ont découragé et enfermé dans son désespoir nous conduit à la profession de foi la plus belle quand on s'adresse à Jésus-le Christ, en lui disant : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Voilà quel est celui qui est marqué par la trace des clous enfoncés dans ses mains et ses pieds, voici cette blessure dans son côté, ouverte par nos égoïsmes, nos orgueils et nos trahisons, voici Celui qui se révèle comme ayant pris sur lui le péché des hommes, qui aime jusqu'au bout, qui ne cesse de dire : « La paix soit avec vous », « Heureux celui qui croit sans avoir vu. » Car les disciples avaient vu mais n'avaient pas cru que Dieu pouvait aller aussi loin dans l'amour, pouvait être une source intarissable de miséricorde qui guérit les cœurs, rend la vie, triomphe de toute forme de mort et même de celle de nos corps humains.
En ce dimanche de la divine miséricorde, huit jours après la fête de Pâques, accueillons, nous aussi, la visite du ressuscité en cette eucharistie. Il nous dit : « La paix soit avec vous, Heureux ceux qui croient sans avoir vu, pardonnez et vous serez pardonnés, soyez artisans de paix, hommes de peu de foi, croyez. Soyez mes témoins jusqu'aux extrémités du monde, en commençant par vos familles, vos communautés, vos voisinages, vos proches et jusqu'au monde entier. Heureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde. »
Amen.