Homélie du Dimanche 15 Décembre 2024. 3ième Dimanche de l’Avent

Mgr Georges Pontier |  16 décembre 2024

A dix jours de la fête de Noël, la liturgie nous invite à la joie. Le prophète Sophonie portait déjà l'espérance du peuple d'Israël, celle d'un Seigneur, proche de son peuple, sauveur, vainqueur de tout ce qui alourdit les chemins de nos vies : « Le Seigneur est en toi. Tu n'as plus à craindre le malheur. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour. Réjouis-toi de tout ton cœur. » Ce qui est advenu n'était sûrement pas ce qu'il attendait. Son attente du Seigneur demeurait encore bien trop extérieure, matérielle. Il n'avait pas imaginé la venue intime du Seigneur, celle qui apporte cette joie intérieure à celui qui reconnait être aimé jusqu'au bout. A Noël, Celui qui vient le fait à la lumière d'un amour partagé, d'un amour donné, d'une joie intérieure, à l'image de celle de la maman qui serre dans ses bras l'enfant qui l'habitait depuis des mois et qui fait oublier les douleurs de l'enfantement, celle du papa qui vivait déjà de l'attente de ce jour, celle de la famille qui attendait le sourire de la vie nouvelle.

Oui, Chers frères et Sœurs, nous le savons, la joie qui vient de Dieu, celle qu'Il donne par sa venue n'est pas une joie qui ne se manifesterait que dans des améliorations extérieures de nos conditions de vie. Elle est celle de la révélation de la présence d'un amour infini à l'origine de toute vie et au terme de l'existence, celle de la présence intime qui donne confiance, qui n'abandonne pas, qui accompagne, qui relève, soutient et ne laisse jamais seul. La joie de Noël, c'est que Dieu se fait frère, se fait l'un de nous, ne redoute pas d'épouser la fragilité humaine. Il nous révèle ainsi la profondeur inouïe, impensable de l'amour de Dieu pour l'humanité. Dieu est Amour. Dieu n'agit que par amour. Nous ne sommes pas que des créatures, nous sommes ses enfants, sa famille. En Jésus, il se fait frère, semblable à nous en toute chose, excepté le péché, comme le dit l'apôtre Paul. Et le péché, le pire des péchés, c'est de ne pas croire que nous sommes aimés de Dieu, que nos noms sont inscrits dans son cœur, comme le dira Jésus à ses disciples. Déjà l'ange Gabriel disait à Marie : « Réjouis-toi, Marie. Tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Tu mettras au monde un fils. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très Haut. » Marie n'a cessé de vivre dans la joie et la lumière de la foi, même au pied de la croix : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole. »

Ainsi notre joie de croyants : nous nous savons aimés de Dieu. Il vient demeurer en nous par la foi, l'espérance et la charité. Il habite nos cœurs par son Esprit répandu, qui fait de nos cœurs des cœurs qui n'ont pas peur, même au creux des tempêtes de nos vies. Nous sommes dans de bonnes mains, celles de Celui qui n'abandonne pas. Ils en sont les signes ces hommes et ses femmes qui traversent les épreuves de cette vie terrestre dans la sérénité, la confiance en la fidélité de Dieu. Nous en avons de multiples exemples dans notre histoire, en voyant le courage serein sur le visage de ceux qui côtoient les épreuves de tout près, les Maximilien Kolbe ou Edith Stein, les mères Teresa ou les Vincent de Paul, les anonymes, nombreux, héros de la charité et de la proximité. Ils croient en un Dieu qui se fait frère et ils se font frères eux aussi, vivant de l'amour partagé : « Celui qui a deux vêtements, qu'il partage avec celui qui n'en a pas et celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même ! » avons-nous entendu le Baptiste conseiller à ses auditeurs.

« Soyez toujours dans la joie du Seigneur »  écrit Paul aux Philippiens. Je le redis :  » soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qui peut se concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » La joie et la paix se marient dans le cœur de celui se sait aimé et qui aime à son tour. Telle est notre joie. Amen.

Mgr Georges Pontier