Mgr Georges Pontier | 16 avril 2024
La fête de Pâques est bien au cœur de notre foi chrétienne. Elle nous ouvre à une vision nouvelle de notre être profond. L'oraison de la messe disait tout à l'heure : « ton peuple se réjouit d'avoir retrouvé la gloire de l'adoption filiale. » Dans la récitation du Credo, nous proclamerons tout à l'heure : « je crois en Dieu, le Père tout puissant » et encore « je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. » La foi en notre condition de fils adoptifs de Dieu nous est rendue par la résurrection du Christ, lui qui est mort sur la croix en disant : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » et « pardonne-leur, Père, ils ne savent pas ce qu'ils font. » Voilà bien l'audace de la foi ! Fils et frère !
L'évangéliste Luc termine son évangile par ce moment dont nous venons d'entendre le récit où Jésus se rend présent à ses disciples rassemblés dans leur hésitation à croire à la résurrection de leur ami qui leur avait pourtant bien dit et redit : « Il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour. » Et le Ressuscité s'emploie à conduire ses disciples à la foi en ce passage, à cette vie nouvelle au-delà de la mort : une vie nouvelle dans laquelle il vient d'entrer avec son corps. Il est bien celui qu'ils ont connu il y a quelques jours encore dans cette étape de sa vie terrestre. Il est le même, mais entré dans une vie nouvelle, dans la vie des enfants de Dieu. Lui, le Fils bien-aimé s'est fait homme pour rétablir cette humanité dans sa condition même d'enfants adoptifs du Père tout-puissant ! Avec le psaume 15 Jésus avait prié : « Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : Tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. »
Et Jésus s'emploie à manifester cette vie nouvelle dans laquelle il entraine l'humanité, lui qui est le premier-né d'une multitude de frères. Il apparaît sous les traits nouveaux du vainqueur de la mort. Non pas un autre que celui qu'il était. C'est bien Lui qui se rend présent. Mais désormais entré dans la gloire des vainqueurs de la mort, de tout ce qui défigure le visage de ces enfants de Dieu soumis au péché dans l'étape terrestre de leur vie. Alors il mange le poisson grillé pour montrer que c'est bien lui qui se rend présent, lui le vainqueur de la mort et du péché, Lui le frère ainé entrainant toute l'humanité dans la vie éternelle.
Voilà l'audace de la foi ! Croire en cet amour plus fort que la mort. Nous sommes fils et filles de ce Père dont l'amour est tout puissant, dont l'amour s'est manifesté dans toute sa puissance en donnant le pardon et en ouvrant les portes de la vie éternelle ! « Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique ; ainsi tout homme qui croit en Lui ne périra pas mais il obtiendra la vie éternelle. » (Jn 3, 16)
Cette vie dans l'amour commence dès ici-bas. La foi nous donne de nous reconnaître comme les fruits ou les enfants d'un amour infini, surprenant, étonnant, bouleversant. La foi nous entraine dans une vie de charité sans limite : tout homme est ton frère, Tu es enfant de Dieu. La foi nous entraine dans une espérance joyeuse : nous attendons le jour de son retour, comme les disciples dans le cénacle. Et comme eux, nous l'attendons en puisant désormais dans le réconfort des signes de sa présence, les sacrements, celui de l'eucharistie en particulier, la parole de Dieu, lue, priée, méditée et la charité fraternelle active et sans limite.
C'est de cela que nous sommes les témoins, témoins d'une espérance qui ne trompe pas, d'une espérance qui nous tourne vers le jour qui vient pour nous et pour l'humanité. « Tu nous as fait pour toi, Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu'il ne demeure en toi », disait Saint Augustin !
Et Jésus redit pour nous le souhait de Pâques : « N'ayez pas peur, c'est bien moi, la paix soit avec vous. »
Ne cachons pas notre gloire de fils adoptifs du Père, et comme nous y invite la liturgie disons ensemble : « comme nous l'avons appris du Sauveur et selon son commandement nous osons dire : Notre Père qui es aux cieux… ». Mgr Georges Pontier