Mgr Georges Pontier | 14 octobre 2024
La rencontre de cet homme avec Jésus peut nous rejoindre dans notre désir de réussir notre vie à nos propres yeux et à ceux de Dieu. Cet homme veut réussir sa vie comme une bonne préparation à la vie éternelle : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » On pourrait encore dire : « que dois-je faire pour mériter la vie éternelle, pour être récompensé, pour arriver devant Dieu avec une bonne copie qui méritera une bonne note? » Ce désir peut nous habiter.
Jésus lui rappelle les commandements, ce qui constitue une bonne vie morale : « ne commets pas de meurtre, ne commets pas d'adultère, ne commets pas de vol ; ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » La réponse du jeune homme suscite la joie de Jésus : « Il posa son regard sur lui et il l'aima. » Prenons le temps d'accueillir ce regard de Jésus sur des vies bien menées, sur des vies humaines, belles, vécues dans le respect des autres, la maitrise de soi et la fidélité aux siens. Oui, ces vies-là sont belles. Et ils sont nombreux ceux qui la vivent ainsi. Alors Jésus sent qu'il peut aller plus loin et inviter ce cœur ouvert vers ce qui est au cœur de la vie éternelle : « Une chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens et suis-moi. » La vie éternelle, c'est une vie où on quitte tout pour l'autre, où on n'est pas tourné vers soi, où on est habité par le désir de donner et de se donner. On vit pour l'autre, pour les autres. On est dans la confiance. On ne mérite rien, on reçoit tout. Car on est dans le registre de l'amour. Et l'amour ne se mérite pas. Il est gratuit. Il se donne et se reçoit. Il se donne et même jusqu'au bout. On s'y prépare en ne s'attachant à rien d'autre ici-bas. C'est ce à quoi Jésus invite cet homme : ce à quoi tu es attaché, vends-le et donne aux pauvres. Fais-toi pauvre de ce à quoi tu es attaché et Viens, suis-moi. Ton cœur sera libre pour aimer.
Et voilà bien ce que révèle Jésus, ce qu'il vient nous enseigner : la vie éternelle est une vie d'amour, une vie dans l'amour. Il ne nous l'enseigne pas que par des mots, mais par ce qu'il est, par ses choix de vie. Lui-même, le Fils bien-aimé a tout quitté de la joie en Dieu pour venir par amour se faire homme et pour nous conduire à travers son don de lui-même à entrer dans cette vie de Dieu : aimer, aimer, aimer jusqu'au bout. S'abandonner pour ceux qu'on aime. Se quitter soi-même pour aimer l'Autre avec un grand A et les autres aussi. Que rien de matériel ne t'attache, ni les richesses ni l'amour de toi-même. « Dieu a tant aimé les hommes qu'Il a donné, son Fils, son unique. » Et son Fils, devenu Homme, ne cesse de se donner, de ne rien garder pour Lui. Il n'avait pas de pierre où reposer la tête. Il les a aimés jusqu'au bout. Il a aimé le Père jusqu'au bout. Il a aimé ses frères humains jusqu'au bout.
« Nul n'aura quitté, à cause de moi et de l'évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants sans qu'il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et dans le monde à venir, la vie éternelle. » Celui qui s'attache ici-bas au Christ, à la marche à sa suite, Celui qui n'a rien de plus cher que le Christ, celui-là entre déjà dans la vie éternelle.
Et Jésus de dire « Pour les hommes, c'est impossible, mais pas pour Dieu : car tout est possible à Dieu » On a envie d'ajouter tout est possible à Dieu puisqu'Il se donne et qu'on est libre de se donner.
Accueillons cet Esprit d'amour qui est le don de Dieu qui nous rend capables d'entrer dans ce mouvement d'amour, de bonté, de générosité, de confiance, dans un mouvement où les artisans de paix, les pauvres de cœur, les doux, les persécutés pour la justice, les miséricordieux, ceux qui pleurent sont déclarés heureux. Vivons à la manière de Jésus : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence, de toute ta force et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Fais cela et tu vivras nous dit ce matin le Seigneur.
Mgr Georges Pontier