Mgr Georges Pontier | 12 mars 2023
Le récit de cette rencontre entre Jésus et la samaritaine au puits de Jacob est très riche et nous pourrions en souligner divers enseignements. Nous le recevons en ce troisième dimanche de carême comme un appel à nous préparer à renouveler la nuit de Pâques notre profession de foi en Christ, en Celui qui répond « Je le suis, moi qui te parle » à la samaritaine qui lui affirme : « Je sais qu'il vient le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Avoir soif, avoir faim, voilà bien des besoins fondamentaux de la vie de notre corps humain et tout être humain ne peut vivre que s'ils sont comblés. Saint Paul n'a pas manqué de faire le lien avec les épreuves du peuple hébreu dans sa traversée du désert. Il a crié contre Moïse au moment où la nourriture ou la boisson lui manquaient. Et à la demande de Moïse, Dieu a donné la manne, et fait jaillir la source du rocher de l'Horeb. Dans sa lettre aux Romains Paul y a vu une annonce de l'œuvre du salut accomplie par le Christ. Il est le pain de vie, Il étanche la soif de l'homme par le don de la foi, celui de l'espérance et celui de l'Esprit d'amour.
Mais comme pour la samaritaine il faut toujours du temps pour aller plus profond, pour passer des besoins de notre corps physique aux besoins de notre être spirituel qui cherche confiance et paix intérieure. Il y a faim et faim, il y a soif et soif. La samaritaine est venue près du puits où elle puise l'eau qui étanche un instant la soif des corps et elle rencontre celui qui étanche la soif spirituelle, celui qui fait jaillir une source d'eau pour la vie éternelle, celle qui enfante les adorateurs que cherche Dieu, ceux qui adorent en esprit et en vérité, car Dieu est Esprit et il est vérité.
Pour révéler le fruit de cette eau vive, Jésus conduit dans un premier temps la samaritaine à la vérité dans sa vie, dans sa vie affective ou relationnelle. Puis il la conduit plus loin que les querelles sur les pratiques religieuses : « l'heure vient – et c'est maintenant- où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité…Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. »
Nous n'adorons pas Dieu pour le mettre au service de nos besoins matériels. Et Dieu ne nous cherche pas pour nous utiliser à son service. C'est pour une communion en esprit et vérité. Il veut guérir notre esprit troublé par le Satan qui nous enferme dans l'orgueil et le mensonge. Il vient combler notre soif intérieure, profonde, de confiance en Dieu et de fraternité humaine. Il vient nous apprendre à dire « Notre Père » ; « notre » pour nous rappeler que nous venons tous de lui ; et « Père » pour nous révéler que nous sommes ses fils adoptifs dans le fils bien-aimé. Nous ne serons en esprit et vérité que lorsque nous vivrons paisiblement comme des fils de Dieu et des frères humains.
Chers frères et Sœurs, comme la samaritaine, même si c'est sans tout comprendre de la profondeur de l'amour de Dieu pour nous, disons-lui : « Seigneur donne-moi de cette eau, que je n'aie plus soif. »
Ou bien, comme le Christ en croix, faisant de sa vie un don et un pardon, entendons-le crier, tant au Père qu'à nos frères : « J'ai soif ». Oui nous avons soif de vivre en esprit et vérité, de vivre au souffle de l'Esprit dans la vérité de celui qui nous a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie », de celui qui nous dit encore : « prenez, mangez, : ceci est mon corps livré pour vous ; buvez : ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude. » Que la communion sacramentelle nous conduise toujours à la communion spirituelle ouverte à tous par les chemins que l'Esprit connait et ouvre. Alors comme Christ nous pourrons dire : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. »
Trouvons en Marie l'exemple qui nous entraine lorsqu'elle dit au jour de l'annonciation, sans tout savoir ni comprendre : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole. »