Mgr Georges Pontier | 12 mai 2024
Entre la fête de l'Ascension et celle de Pentecôte, la liturgie propose à notre méditation la longue prière de Jésus qui conclue le chapitre 17ème de l'Evangile de St Jean, juste avant que ne commence au chapitre 18ème le récit de son arrestation, de sa mort et de sa résurrection. Cette prière nous fait entrer dans le cœur à cœur entre le Père et le Fils, dans la communion divine. Après avoir prié le Père de le conduire à sa glorification par sa mort et sa résurrection, voilà que le Fils Bien-aimé prie le Père pour ses disciples : « Père Saint, garde mes disciples unis dans ton nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un, comme nous-mêmes. » Le drame de la passion va avoir lieu et le risque de la division et de la dispersion de ses disciples est bien là. Alors, Jésus associe ses disciples à ce combat de l'amour jusqu'au bout qu'il va mener en faisant de sa vie un don pour que soit révélé à tous l'amour infini de Dieu : « Dieu a tant aimé le monde qu'Il a envoyé son Fils unique pour que le monde soit sauvé. » Et voilà ses disciples associés au combat de Dieu dans ce monde, ce combat de l'amour mené par le Christ durant toute sa vie.
Ce combat de Dieu dans ce monde se poursuit. Certes la victoire a été acquise par le Fils incarné, devenu l'un de nous, « Il a aimé jusqu'au bout », « Il a donné le pardon ». « Il est ressuscité » Mais les fruits de cette victoire sont toujours et encore à accueillir dans un combat contre l'Adversaire représenté ici par ceux qui sont désignés comme « le monde » « le monde les a pris en haine parce qu'ils n'appartiennent pas au monde, de même que moi, je n'appartiens pas au monde ». Cette expression « le monde » a deux significations dans l'évangile de Jean. Parfois elle désigne « tous les hommes dans leur unité de créatures aimées de Dieu » et parfois elle désigne « ceux qui n'ont pas accueilli, ceux qui n'ont pas cru, ceux qui l'ont rejeté. » Et ici la prière de Jésus pour ses disciples les associe à sa mission : être dans le monde pour annoncer le Dieu d'amour, le Père, et en même temps résister comme Lui aux forces du monde qui rejettent le visage du Dieu d'amour. Et voilà notre vocation de baptisés. Oui, nous sommes du monde, nous aimons ce monde, nous rendons grâce à Dieu pour ce monde. Mais nous résistons aux forces qui dans ce monde refusent Dieu, reconnu comme le tout aimant. Nous empruntons le chemin de Celui qui a dit « Je suis le chemin, a vérité et la vie. »
Notre façon de « résister » à la manière de Jésus nous était bien indiquée dans la seconde lecture de cette messe, celle de Jean : « Puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l'a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous…Nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour : qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en Lui. » Et nous allons dans ce monde des hommes dont nous sommes, aimant ce monde mais luttant contre ce qui, en lui, refuse et résiste aux chemins multiformes de l'amour. Voilà notre mission, celle qui nous sera redite à Pentecôte : celle d'être au souffle de l'Esprit des enfants de Dieu, des amis de la paix, des semeurs d'espérance, des serviteurs de la fraternité humaine, de la justice, de la paix, des adversaires de tout ce qui abime les hommes : les haines, les injustices, les violences, les trahisons, les manques de respect, les aliénations diverses.
Chers frères et Sœurs, unissons-nous à cette prière de Jésus à son Père. Préparons-nous à accueillir le don de l'Esprit de Pentecôte, à nous laisser réchauffer le cœur, à être envoyés en mission dans ce monde d'aujourd'hui, ce monde que Dieu aime, ce monde dans lequel Il œuvre en nous et avec nous contre tout ce qui défigure les hommes que Dieu aime.
Béni sois-tu Seigneur, Toi qui as tant aimé le monde que Tu as donné ton Fils, ton Unique pour que ce monde soit sauvé. Mgr Georges Pontier