Mgr Georges Pontier | 13 janvier 2025
Il y a peut-être longtemps que nous n'avons pas participé à un baptême. Peut-être même ne savons-nous pas très bien la date de notre propre baptême, surtout si nous l'avons été tout petit enfant ? Et pourtant le baptême reste un geste fort de notre vie, un moment où quelque chose de nous-même a été proclamé, révélé.
L'évangéliste Luc d'ailleurs ne garde dans son récit du baptême de Jésus de Nazareth que cet essentiel du baptême au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, cette belle parole de la voix venue du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé, en toi, je trouve ma joie », précédée de la venue de l'Esprit-Saint sur Jésus lui-même, sous la forme corporelle d'une colombe.
Dans mon ministère d'évêque j'ai eu l'occasion de célébrer tel ou tel baptême dans des conditions plus exceptionnelles : en détention une fois ou celle d'un catéchumène, médecin de 81 ans. Ce sont des circonstances qui font apparaître de manière plus sensible la profondeur du baptême qui nous greffe à la victoire du Christ sur le péché et sur la mort, sur la solitude et le non-sens. « Tu es mon Fils, en toi, je trouve ma joie ». Cette parole de vie, de relèvement, de tendresse, de miséricorde, de révélation.
Bien sûr le récit du baptême de Jésus de Nazareth revêt une dimension unique. Le Fils de Dieu n'avait pas besoin que lui soit révélé son être profond. Il vivait dans ce lien au Père. D'ailleurs Luc note : « Jésus priait. » Mais la réalité de son incarnation qui en faisait un véritable homme le nécessitait pour que cet homme nouveau entraine à sa suite l'humanité entière de laquelle il était venu se faire frère. Celui qui est le Fils en Dieu est venu se faire frère pour faire de nous des fils de Dieu, des fils chéris du Père. Non pas que le Père nous aurait rejetés, mais il fallait bien que soit dépassée, effacée cette rupture de confiance et d'amour. Il fallait bien que Dieu fasse le premier pas. Il fallait bien qu'il révèle la profondeur de son amour. Et le baptême véritable de Jésus, celui qui révèlera la profondeur de son amour pour l'humanité, s'accomplira, s'achèvera sur la croix, dans son passage de la mort à la vie, dans sa victoire sur la haine et le non-sens, par le triomphe de la vie et de l'amour. Là Il ouvrira pour tous ceux qui l'accueillent les portes de la rencontre et de la joie.
Oui le baptême chrétien vient greffer chacun de ceux qui le reçoivent et en vivent sur la source d'amour et de vie qu'est notre Dieu. Il nous ouvre les portes de la vie. Il nous met en contact avec cette source qui se déverse à-travers la parole de Dieu, les sacrements, la vie communautaire, la prière, la charité fraternelle, dans ce courant de vie et d'amour qu'est notre Dieu. Etre baptisé ne prend qu'un instant. Vivre en baptisé transforme toute la vie. L'apôtre Paul l'écrit à son disciple Tite, comme nous le lisions « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous as renouvelés dans l'Esprit-Saint. Cet Esprit, Dieu l'a répandu sur nous en abondance, par Jésus-Christ notre sauveur afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. »
Vivre son baptême, vivre en baptisé, vivre à la suite et à la manière du Fils bien-aimé, voilà notre baptême. Il s'accomplit à travers les combats et les méandres de la vie. Il éclaire les zones d'ombre de nos vies. Il fait de nous des fils et des frères. Il nous invite à la table du royaume où le Père trouvera sa joie à servir la coupe du salut à ses fils enfin rassemblés et réconciliés avec lui et entre eux.
Baptisés, nous voilà, Pèlerins d'espérance en ce monde, prenant notre part dans l'avènement d'un royaume où chacun se sait aimé de Dieu et où chacun regardera tout homme comme son frère. Il est grand le Mystère de la Foi. Il est source d'amour et de joie. Il est notre espérance. Mgr Georges Pontier