Mgr Georges Pontier | 11 février 2024
La guérison du lépreux, rapportée par l'évangéliste Marc dès le début du ministère public de Jésus, est comme l'annonce ou la révélation de sa mission de salut. Voici le lépreux qui doit vivre à l'extérieur du village, comme nous le rapportait le livre du lévitique. Il doit crier « Impur, Impur » et avertir toute personne qui s'approcherait de lui par inadvertance de se garder loin par risque de contagion. Il est interdit de tout contact tant que son impureté est là, tant que la lèpre marque sa peau. Et voilà qu'il ne respecte pas la règle et s'approche de Jésus en criant non pas « impur », mais en suppliant à genoux : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Que va faire Jésus ? : le rejeter parce qu'impur ? le condamner parce qu'il n'a pas respecté la loi ? le renvoyer à sa condition de pécheur public ? Non, pris de compassion, il le touche au risque de prendre sur lui sa lèpre contagieuse et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » Voilà bien le Sauveur qu'Il est, le visage du Dieu plein de tendresse, de compassion, de miséricorde. Il est venu se faire proche. Il ne se tient pas loin du pécheur. Il ne condamne pas. Il prend sur lui le péché de l'homme, le pardonne et le rend à sa vie de frère et de fils. « Va te montrer au prêtre, donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Il en fait un témoin ! Mais désormais, nous dit l'évangéliste, c'est lui, Jésus, qui ne peut plus entrer ouvertement dans une ville, mais il restait à l'écart, dans des endroits déserts. » Etrange paradoxe, merveilleux échange : Jésus prend sur lui la lèpre du péché des hommes. Il en est rejeté. Mais le lépreux devient témoin de sa guérison !
Oui, ce récit vient nous ouvrir au mystère de notre salut : le péché, œuvre du Satan isole, exclue, défigure l'homme qui en est victime : Il perd son visage de fils et de frère. Il vit dans l'isolement de son péché, coupé de ses frères. Mais la compassion de Dieu, le Père source de toute vie n'a pas supporté ce mal. Il s'est approché, Il a touché, Il a pris sur lui le péché des hommes et leur redonne leur visage de fils et de frère. Il les rétablit dans la confiance et la fraternité, dans l'oubli de soi et l'ouverture à Dieu et à ses frères.
Voilà l'œuvre de Dieu : sa rencontre nous délivre des formes de lèpre qui défigurent notre vrai visage, celui que nous avions à l'origine, humanité créée à l'image de Dieu, à sa ressemblance. Son Esprit est à l'œuvre.
Croyants, baptisés, Eglise, corps du Christ, nous voilà témoins de ce que Dieu a fait pour nous en nous touchant, en s'approchant de nous. Nous voilà témoins des fruits de la rencontre avec Lui et de l'œuvre de son Esprit. Nous voilà témoins de la joie de vivre dans cette foi en son amour tendre et miséricordieux, en son œuvre de salut. Nous voilà artisans de paix et de fraternité, nous voilà ouverts à la misère des autres sans les juger mais en se faisant proches, en se faisant frères, nous voilà témoins d'un plus grand, d'un Dieu à l'origine de toute vie, de son débordement de miséricorde, source de toute cette bonté à l'œuvre dans la vie des hommes.
Alors ce matin, à quelques jours du début de notre Carême, approchons nous de Lui, nous aussi, avec confiance et sans peur, pour lui crier : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Et croyons en sa promesse fidèle : « Je le veux, sois purifié. » Accueillons sa puissance de paix, de réconciliation, de justice, de paix de joie, sa puissance de vie, plus forte que la mort.
« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. » Heureux les cœurs filiaux et fraternels. Mgr Georges Pontier