Homélie du Dimanche 11 06 23

Mgr Georges Pontier |  15 juin 2023

« Je suis le Pain vivant, qui est descendu du ciel ; si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. » Voilà ce que déclare Jésus à la foule des juifs réunis sur les rives du lac, près de Capharnaüm. Ils viennent à lui après avoir été nourris, la veille, du pain qui alimente les corps de chair. Et Jésus va leur parler du vrai pain, celui qui donne la vie éternelle et nourrit la vie des cœurs et des âmes. Il poursuit en parlant de cette vie-là : « ma chair donnée pour la vie du monde, avoir la vie en soi, avoir la vie éternelle, « De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. » Nous voilà au cœur de notre foi et au cœur de la mission de salut accomplie par le Fils bien-Aimé : Le Père l'a envoyé comme pain vivant, pour que nous apprenions à vivre par le Père. Il vit, Lui, par le Père. Il nous donne de vivre par le Père et dans le Père. C'est lui qui apaise nos faims spirituelles, nos soifs de vraie vie. Il est celui qui apaise les cœurs, tient dans l'espérance et la confiance, Il est ce pain qui fait tenir dans les épreuves, au-delà des déserts que nos vies nous donnent de traverser. Nul ne va au Père sans passer par Lui.

C'est au cours d'un repas que Jésus a révélé à ses apôtres le vrai sens de sa vie donnée, au cours du repas pascal, celui où les juifs qu'ils étaient commémoraient la libération d'Égypte, le pain de la manne, l'eau du rocher, donnés pour apaiser faim et soif dans les déserts de nos traversées humaines. Et Jésus leur révèle ainsi le sens de sa vie, de sa passion et de sa mort. Il a été envoyé par le Père pour sauver le monde, révéler l'amour fou qu'Il nous porte, pour libérer nos cœurs des peurs qui l'habitent, celles du non-sens de l'existence, de la solitude, de la mort. Il a ouvert les portes de la vie qui ne finit pas. « Ma vie, nul ne me la prend, c'est moi qui la donne…pour vous et pour la multitude. »

Voilà ce dont nous faisons mémoire dans l'eucharistie : L'invitation à communier à l'amour de Dieu pour nous, apprendre à vivre par le Père, et non par nous-même. Écouter la Parole de Dieu et s'en nourrir, reproduire les gestes de Jésus, prenant le pain et le vin et en faisant les signes de son corps livré et de son sang versé par amour, communier à l'amour fou de Dieu, à sa présence, faire communion et communauté entre nous, faire corps, faire famille de Dieu, et annoncer par là le projet du Père créateur : se donner des fils adoptifs, les ouvrir à la vie en Dieu, apprendre la confiance, la fraternité universelle, partager son projet fou, l'accueillir, vivre de cela et dans cet appel à aimer.

Voilà, chers frères et Sœurs, à quoi nous invite cette fête du corps et du sang du Seigneur, cette fête de l'eucharistie, cette fête du sacrement de la présence amoureuse du Seigneur de l'univers. C'est dans cette union que nous trouvons paix, joie, bonheur, bienveillance, espérance, vie, bonté, sérénité. C'est là que nous puisons notre nourriture pour la marche de chaque jour. C'est en Lui et par lui. Nous avons été créés pour la communion en Dieu et entre nous. Nous préparons cette rencontre, cette réalité en vivant dans cette espérance et ce projet. Nous puisons dans l'eucharistie la force d'aimer, de dialoguer, de participer à cette grande œuvre divine : la communion avec Dieu et entre nous tous. Et tout ce qui dans nos vies sert l'amour est fruit de ce mystère pascal.

La nourriture de la vraie vie, de la vie éternelle est là. Aucune autre nourriture ne pourra nous combler. « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu'il ne demeure en Toi », chantait saint Augustin après avoir épuisé tant d'autres nourritures. Et Jésus disait aux disciples : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. » (Jean 4,34)

« Que ta volonté soit faite, Seigneur. » Elle est volonté de vie, de communion, de bonheur et de paix.

Amen