Une église-sanctuaire au cœur de Toulouse

Sanctuaire Saint-Jérôme L'adoration perpétuelle au cœur de Toulouse

Homélie du Dimanche 10 Novembre 2024

Mgr Georges Pontier |  10 novembre 2024

Dans la vie en société il y a des personnes qui font tout pour se faire remarquer. Il y a eux, et il y a ceux qu'on remarque alors qu'ils ne font rien pour l'être. Jésus, arrivé à Jérusalem avec ses disciples, se rend au temple pour enseigner. Il prend aussi le temps d'observer la comédie humaine, présente même là. Il voit des scribes en vêtements d'apparat, recherchant les salutations sur les places publiques, les sièges d'honneur dans les synagogues et les places d'honneur dans les diners. Pour l'apparence, ils font de longues prières. Ils se donnent à voir. Ils soignent leur image. Ils vivent dans l'apparence. Ils attirent le regard.

Et voilà qu'il aperçoit la longue file des fidèles qui vont au temple, à la salle du trésor. Il regarde comment la foule y met de l'argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Et voilà que passe, sans se faire remarquer, une pauvre veuve qui met deux pièces de monnaie et poursuit son chemin. Inaperçue. Alors il appelle ses disciples et leur déclare : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le trésor plus que tous les autres. Car tous ils ont mis de leur superflu, mais, elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre. » Jésus voit le fond des cœurs. Le jour de la présentation de Jésus au temple, le vieillard Syméon avait prédit à Joseph et à Marie « Il révèlera les intentions secrètes des cœurs ». Ce sont les intentions secrètes des cœurs qui dévoilent la valeur des gestes. L'apparence ne dit rien de l'essentiel. Se faire remarquer ne dit pas le fond des intentions ni le fond des cœurs.

Cette veuve, comme celle de Sarepta qui accueillit le prophète Elie dont la première lecture nous parlait, ne jouait pas dans l'apparence. Elle n'attendait rien des hommes. Son sort était la dépendance : plus de mari, plus de ressources ! Sa seule richesse c'était sa confiance en Dieu. A Lui elle donnait tout, confiante en la fidélité de son amour : « Il soutient la veuve et l'orphelin », chantait-elle avec le psalmiste. Elie, lui aussi ne doutait pas : « Jarre de farine point ne s'épuisera, vase d'huile point ne se videra, jusqu'au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » Quelle confiance ! On peut parier que les disciples avaient eu les yeux plus attirés par le cinéma de ceux qui déposaient en prenant leur temps leur généreuse offrande que par la pauvre veuve passée inaperçue avec ses deux pièces de monnaie. « Dieu ne regarde pas comme les hommes, avait dit Dieu à Samuel qui cherchait un successeur à Saül (1 Sam 16,7), les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. »

Il n'y a pas place pour la comédie humaine devant Dieu et pas plus devant les hommes dont la sagesse populaire dit : « l'habit ne fait pas le moine ». Nous savons remarquer ceux et celles qui ne paient pas de mine mais paient de leur personne dans des engagements simples, quotidiens, fidèles. Le bénévolat en fourmille. Oui devant Dieu, pas de comédie. Il connait les cœurs. D'ailleurs, le Fils bien aimé lorsqu'il a fait don de sa vie pour le salut des hommes ne donnait pas dans l'apparence. Il était défiguré, épuisé. Mais son cœur nous sauvait : son cœur tout confiant dans son Père, son cœur tout donné aux hommes : « Père, pardonne-leur ils ne savent pas ce qu'ils font. » « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. » Et à son voisin de calvaire il peut dire : « aujourd'hui avec moi tu seras dans le paradis. » On se souvient de la prière de Jésus au moment où ses disciples sont de retour de leur première mission et lui racontent ce qu'ils ont vécu. : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits. »

Cette veuve le savait. Elle en vivait. « Le Seigneur est mon berger rien ne saurait me manquer. » Aussi donnait-elle tout, même ce qu'elle avait pour vivre.  Son cœur battait au rythme de celui de Dieu : dans l'amour, la générosité et la confiance. « Il nous a aimés jusqu'au bout », « Aimer, c'est tout donner et se donner soi-même », chantons-nous parfois. « En nous donnant son Fils, Dieu nous a tout donné. » Qu'Il nous apprenne à vivre dans la confiance et à tout risquer par amour, sans chercher à nous faire remarquer ! Mgr Georges Pontier

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