Mgr Georges Pontier | 10 décembre 2023
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droit ses sentiers. » Voilà que la liturgie tourne nos regards vers Jean Baptiste, le parent de Jésus, l'enfant d'Élisabeth qu'on appelait la femme stérile. Le voilà le précurseur qui vient redire : « Moi je vous ai baptisés avec de l'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint. » Je priais ces textes et la télévision nous montrait avant-hier, 8 décembre, les images de la cathédrale Notre Dame de Paris qui retrouvait sa flèche de Violet le Duc et bientôt la croix à son sommet. Cela, avant la grande fête de l'an prochain avec une cathédrale rénovée, rendue belle par le travail des dizaines d'architectes et d'ouvriers qui auront mené là l'œuvre de restauration la plus belle de leur carrière. Et poursuivant ma réflexion je me disais : voilà le baptême de Jean, celui avec de l'eau qui rend sa clarté extérieure à l'édifice. Mais nous le savons, la profonde beauté d'une cathédrale, c'est la beauté qui vient de ses pierres vivantes que sont les membres de la communauté qui s'y réunit pour accueillir l'œuvre intérieure, celle qui change les cœurs, celle de l'Esprit-Saint qui rend à l'être humain pécheur sa beauté première. Au baptême n'avons-nous pas reçu à la fois la clarté pour renoncer à Satan et à ses œuvres de mort et l'ouverture confiante pour se laisser revêtir du vêtement nouveau des enfants de lumière qui dans leur cœur s'ouvrent à l'œuvre de l'Esprit Saint qui sauve et rend saint ? Comme l'annonçait le prophète Isaïe, il vient celui qui parlera aux cœurs pour les changer, les sauver de toute souillure, du péché sous ses formes diverses : haine, mensonge, violence, impureté, infidélité, trahison, indifférence, désespoir, addictions diverses, course à l'arent, orgueil et que sais-je encore. Toutes ces blessures qui sont vraiment les scories tenaces qui retardent l'œuvre du salut. L'apôtre Pierre écrivait : « Le Seigneur ne tarde pas…Il prend patience, car Il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais Il veut que tous parviennent à la conversion. » Le baptême dans l'Esprit-Saint peut être comparé à une greffe qui vient apporter à un autre sa richesse propre. La sève nouvelle coule dans celui qui la reçoit pour porter des fruits nouveaux. Mais il est nécessaire que celui qui la reçoit, arbre ou être humain, ne fasse pas un rejet de la greffe. Voilà bien le baptême dans l'Esprit-Saint : Jésus, le Fils bien Aimé est venu à Noël se greffer au corps de l'humanité. Il se fait l'un de nous. Durant sa vie, lors de sa passion, du don de tout de lui-même, lors de sa résurrection puis à Pentecôte, il est venu donner tout, toute sa puissance, sa lumière, sa force pour guérir et sauver les membres de tout ce corps de l'humanité auquel Il est venu se greffer par amour sauveur. Il répand l'Esprit-Saint. Et l'on voit les fruits bienfaisants de la greffe dans la vie et le cœur de ceux et celles qui vivent à sa suite, bâtissant leur vie dans l'accueil et l'imitation de Celui de qui ils reçoivent sa sève grâce à leur vie de prière personnelle et sacramentelle. Et voilà que la greffe porte ses fruits de bonté, de bienveillance, de compassion, de justice, de vérité, de lumière, de solidarité. Voilà les artisans de paix, les amis de la justice et de la solidarité ; Voilà les passionnés de Dieu et des hommes. Voilà ceux qui s'oublient par amour des autres. Chers frères et Sœurs, ce temps de l'Avent nous remet devant cet appel à ne pas faire un rejet de la greffe ! Préparons-nous encore et toujours à vivre de cette vie nouvelle que nous recevons de Celui dont Jean Baptiste a annoncé la venue. Nous l'avons reconnu, nous avons été greffés à Lui par notre baptême. Nous accueillons cette sève nouvelle grâce aux sacrements, à la lecture de la parole de Dieu, à la prière et grâce à toutes les œuvres d'amour de nos vies. Reprenons les mots de St Pierre entendu tout à l'heure dans la lecture : « Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c'est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. C'est pourquoi, bien-aimés, en attendant cela, faites tout pour qu'on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. » Laissons l'Esprit du Seigneur nous régénérer, sauver en nous l'image de Dieu, blessée par le péché, restaurée par le Fils bien-Aimé.