Mgr Georges Pontier | 1 septembre 2024
Nous connaissons tous des personnes qui passent leur temps à observer les comportements des uns et des autres, à les juger sans en savoir plus sur elles ! C'est insupportable et ces personnes se rendent insupportables. Et aucun de nous n'a échappé à ce reproche, une fois ou l'autre. Quand cela se passe dans la sphère religieuse, c'est particulièrement désagréable. Voilà bien cette attitude que Jésus dénonce chez des scribes et des pharisiens venus de Jérusalem pour surveiller et juger. Et les voilà observant que quelques-uns des disciples de Jésus ne se sont pas lavés les mains avant de prendre leur repas. Alors les défenseurs de la tradition des anciens les dénoncent et interpellent Jésus. Que va-t-il- il dire ? Que va-t-il faire ?
Ils ne lui ont pas posé la question pour rien ! Ils auront la réponse ! « Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » Comme rapporte le prophète Isaïe, Dieu se désole : « Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ! » En paroles, vous êtes forts, vous soignez l'extérieur, ce qui se voit, mais votre cœur est plein de suffisance, d'orgueil. Vous oubliez le commandement de Dieu : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Ne surveille pas le comportement des autres, surveille ton cœur. Qu'y a-t-il dans ton cœur, quelle est ton intention, que cherches-tu ? Regardes-tu avec bienveillance ou méchamment ? Que veux-tu sauver : les apparences ou le cœur ? » Et Jésus, prenant ses disciples à part, loin de la foule leur révèle ce qui est la juste attitude : « C'est du dedans, du cœur de l'homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, cupidités, méchanceté, envie, orgueil et démesure ! » C'est le mal du dedans du cœur qui rend l'homme impur et non ce qui s'aperçoit de l'extérieur ! A d'autres moments, Jésus prendra ses distances face aux obligations alimentaires que les traditions venant des hommes ont fixées ! Ce ne sont pas les aliments qui nous rapprochent ou nous éloignent de Dieu. C'est la qualité de notre cœur !
L'apôtre Jacques, dans l'extrait de sa lettre que nous avons entendu, en fait un enseignement pour sa communauté : « Devant Dieu notre Père, un comportement religieux pur et sans souillures, c'est de visiter les orphelins et les veuves dans le besoin et de se garder sans tache au milieu du monde. »
Voilà que nous est rappelé en ce dimanche de début septembre l'essentiel : Il se trouve dans le cœur, dans les intentions qui guident nos pensées, nos paroles, nos actes. Vous vous souvenez du reproche fait par Jésus dans la parabole des ouvriers envoyés à la vigne. Les premiers, les anciens pourrait-on oser dire, reprochent son attitude au maître du domaine. Et celui-ci de leur répondre : « Ton œil est-il mauvais parce que je suis bon ? » C'est de l'œil mauvais, du cœur mauvais que sortent les pensées mauvaises. Ne mettons pas les traditions venant des hommes au-dessus du commandement de Dieu.
Prenons soin les uns des autres mais à la manière de la maman qui surveille son bébé endormi pour voir s'il respire, tellement elle tient à sa vie. Veillons les uns sur les autres mais ne nous surveillons pas comme des censeurs. Laissons à Celui qui connait le cœur de chacun le soin d'avoir le dernier mot ! Ne mettons pas l'essentiel là où il n'est pas !
Rendons grâce à Celui qui n'est pas venu pour juger les hommes, mais pour les sauver, en leur rappelant l'essentiel : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit et ton prochain comme toi-même. » Voilà la lumière de la vie, la lumière venue de Dieu. « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. »
Mgr Georges Pontier