Mgr Georges Pontier | 1 octobre 2023
Les grands prêtres et les anciens du peuple étaient responsables du respect des règles religieuses. Ils en étaient les garants, même s'ils ne les mettaient pas toujours en œuvre ! Tout au long de la vie publique de Jésus ils le surveilleront et ne manqueront pas de lui faire la leçon quand il fait passer la miséricorde avant le respect des lois. Nous comprenons qu'ils sont aux yeux de Jésus ces fils qui disent oui à Dieu mais ne vont pas travailler à sa vigne, à sa manière. Ils ne produisent pas le même vin que celui de la vigne nouvelle que Jésus révèle, celle qui donnera le vin de l'alliance nouvelle, cette alliance renouvelée entre Dieu et les hommes par la seule miséricorde de Dieu, cette alliance qui est le nouveau triomphe du Dieu d'amour, cette alliance qui change les cœurs et les actes.
L'apôtre Paul recueille ce bel hymne à la louange du Christ que nous avons entendu dans la seconde lecture. Prenez le temps de le relire paisiblement, profondément. Et il s'en sert pour encourager les premiers chrétiens de la ville de Philippes à vivre à la manière de Jésus de Nazareth, les invitant à ne pas en rester à de belles intentions mais à entrer dans une conversion profonde de leur manière de vivre entre eux et d'accueillir le salut qui vient du Christ. C'est bien cela qui a converti Paul. Il était un pharisien cultivé. Il connaissait parfaitement les règles du judaïsme. Et c'est au nom de ces convictions qu'il persécutait les disciples de ce Jésus qu'on venait de crucifier. Il était d'accord : On ne peut pas tout permettre, tout pardonner et surtout pas aux publicains et aux prostituées de la parabole. La miséricorde a des limites.
Et voilà que la résurrection du Christ révèle son vrai visage et la joie du Père. Dieu est venu se faire l'un de nous et même le plus obéissant de tous. Celui qui en Dieu est le Fils bien-aimé, celui qui a la condition de Dieu n'a pas retenu jalousement ce qui l'égalait à Dieu. Mais il a pris la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, ne réclamant nul avantage. Il a obéi à la condition humaine. Il a connu souffrances et joies, il a connu fragilité et mort. Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort et la mort de la croix. Et le Père l'a ressuscité montrant par là son approbation. C'était bien le visage de Dieu qu'il révélait, celui d'un Dieu d'amour, d'un Dieu plein de tendresse et de miséricorde, d'un Dieu sauveur non en dominant mais en servant. C'était bien le chemin voulu par le Père qu'il avait emprunté.
Thérèse de l'enfant Jésus que nous fêtons aussi le 1° octobre a été saisie par cette profondeur de l'amour de Dieu pour l'humanité, profondeur qui se révèle dans son humilité, sa proximité, sa fidélité. Et dans cette contemplation elle trouvera la lumière qui lui rendra évidente sa vocation : « Dans le cœur de l'Église, ma mère, je serai l'amour. » Car il ne faut pas que l'amour manque, il ne faut pas que la bienveillance, l'humilité, le service manquent. Il ne faut pas chercher à être en dessus mais en tenue de serviteur comme celui ou celle qui relève son semblable et non comme celui qui domine ou écrase et ne vit que d'orgueil. Elle va faire de sa vie une offrande d'amour pour ses sœurs, pour l'Église et le monde dans l'humilité du cloitre. Et l'Église reconnaîtra dans son amour pour l'humanité et pour le Christ la source de tout dynamisme missionnaire. Elle en fera la patronne des missions. Pour annoncer la Bonne Nouvelle de l'amour de Dieu, il faut aimer, il ne faut être qu'amour, comme le fut celui qui a tant aimé le monde qu'il a donné son fils, son Unique pour que les hommes soient sauvés par ce feu de l'amour et qu'en eux rayonne l'amour de Dieu et celui des autres, frères en humanité.
Comme le chantaient déjà les premiers chrétiens, reconnaitre en Jésus-Christ le Seigneur, le visage du Père, vivre à sa manière nous ouvre au salut, à la paix, à la joie de savoir Dieu si proche et si présent, et à l'humilité de la fraternité. « Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père. »