Mgr Georges Pontier | 7 octobre 2024
Voici un enseignement de Jésus qui nous rejoint au cœur de nos vies humaines : les relations entre l'homme et la femme, créés par Dieu pour « se compléter, pour ne pas vivre seul, pour avoir une aide qui lui corresponde », comme le disait le livre de la genèse dans son chapitre deuxième.
Et voilà que des pharisiens abordent Jésus pour le mettre à l'épreuve. Ils centrent le débat sur un point précis : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme ? » Jésus les renvoie à la loi de Moïse où l'on trouve le commandement premier : « que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » par son acte créateur. Eux répondent à Jésus par le rappel d'une permission donnée par Moïse et non par le commandement fondateur. « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d'établir un acte de répudiation. » Du commandement, ils passent à la permission.
Jésus rappelle alors le projet du créateur : « Dieu les fit homme et femme. A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. » Quant à la réalité de l'existence humaine marquée par la faiblesse et le péché, Jésus affirme que Moïse a formulé une permission pour que la vie continue au-delà de la fragilité de nos cœurs. Mais cette permission qui est la conséquence de nos faiblesses ne saurait effacer le projet d'origine du créateur.
Accueillons donc cet enseignement de Jésus donné dans un cadre polémique avec des pharisiens venus pour le mettre à l'épreuve et non pour se laisser éclairer par Lui.
Nous pouvons chercher ailleurs dans l'évangile deux éclairages sur cette réalité de nos vies relationnelles entre hommes et femmes. Je prends la première dans le discours des béatitudes lorsque Jésus s'adresse à la foule qui est venu l'écouter : « Vous avez appris qu'il a été dit : tu ne commettras pas d'adultère. Et moi je vous dis : quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà dans son cœur commis l'adultère avec elle. » Jésus invite chacun de nous à la grande vigilance, à la maitrise de soi. Ne nous disait-il pas dimanche dernier : « Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume des cieux que de t'en aller dans la géhenne avec tes deux yeux. » Et nous nous disions que Jésus nous renvoie à la vigilance sur nous-même plutôt qu'au jugement sur les autres. Nos fragilités sont là. La grâce de Dieu permet de les dominer et de vivre le projet créateur pourvu que nous y associons notre vigilance et notre refus du mal.
Le deuxième texte est celui de Jésus avec la femme adultère. Là encore, il se trouve mis à l'épreuve par des scribes et des pharisiens qui lui amènent une femme prise en flagrant délit d'adultère et interpellent Jésus en lui rappelant la prescription de Moïse de lapider ces femmes-là. « Et toi, qu'en dis-tu ? » Nous nous rappelons la scène. Il ne leur répond rien. Mais sur leur insistance il leur dira : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre. » Nous connaissons bien la suite et la finale : « Femme où sont-ils donc ? Personne ne t'a condamnée ? Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi, non plus, je ne te condamne pas : va et désormais, ne pèche plus. »
Oui, l'homme et la femme ont été créés pour se compléter, se soutenir dans l'amour fidèle et porteur de fruits, dans des relations complémentaires et précieuses. Oui l'homme et la femme sont fragiles. Ils sont appelés à la vigilance et à la responsabilité. Aimer c'est être responsable de ceux avec lesquels on a créé des liens d'amour. Mais il y a toujours un avenir dans le cœur de Dieu, Il y a toujours un « désormais » dans la vie des humains que nous sommes. Après l'échec ou la faute nous sommes invités à avancer en ne péchant plus. « Va et désormais ne pèche plus. »
Que le Seigneur nous aide à accueillir sa volonté. Qu'il nous tienne loin des jugements qui empêchent l'avenir. Qu'Il nous aide à aimer jusqu'au bout et à rester fidèles à nos engagements. Mgr Georges Pontier