Père Lizier de Bardies | 13 août 2020
Mth. 14,13-2 ne
Jésus n'a pas eu le temps de se retirer dans un endroit désert, comme il l'espérait, alors qu'il venait d'apprendre la mort deJean Baptiste, le filsd'Elisabeth et de Zacharie, son cousin qui avait annoncé la venue du Messie. Aussitôt, nous dit le texte, « Il vit une grande foule de gens ; Il fut saisi de compassion envers eux et guérit les malades. » La compassion !
Déjà la première lecture de ce jour, celle extraite du livre d'Isaïe, nous révélait cette compassion pressentie du cœur de Dieu : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau ! … Venez à moi ! Ecoutez, et vous vivrez. Je m'engagerai envers vous par une alliance éternelle ! »
Chers frères et Sœurs, voici ce que nous admirons, ce que nous aimons chez ce Dieu que nous a révélé Jésus : sa compassion, mille fois manifestée, dans ses paraboles, dans ses attitudes, dans ses choix : compassion pour la brebis perdue, pour le fils prodigue, pour la femme adultère, pour Pierre qui a renié, pour les apôtres qui se sont éloignés au moment de la passion. Compassion paternelle et maternelle, compassion de celui qui nous dit : « tu es précieux à mes yeux et moi je t'aime. » Seul, l'orgueilleux est incapable de reconnaître la compassion de Dieu à son égard. Reconnaissons que nous sommes des pécheurs aimés de Dieu, comme nous disons au début de chaque eucharistie : « Reconnaissons que nous sommes pécheurs » C'est la compassion du cœur de Dieu qui nous sauve et non notre vertu, c'est son amour créateur, son amour sauveur, son amour consolateur. Tel est notre Dieu, la source de toute vie et de tout amour.
Et voilà que Jésus associe ses disciples à cette compassion à l'égard de cette foule qu'il guérit et enseigne. Le dialogue avec ses disciples est révélateur. Ils disent à Jésus avec bon sens : « L'heure est avancée, renvoie donc la foule : qu'ils aillent dans les villages s'acheter de la nourriture ! » Mais Jésus leur répondit : « Ils n'ont pas besoin de s'en aller. Donnez-leur vous-même à manger. Alors ils lui disent : « Nous n'avons là que cinq pains et deux poissons. » Jésus dit : « apportez-les-moi ». Il fit asseoir tout le monde. Et la compassion se déversa à profusion sur cette foule venue non pas chercher la nourriture qui comble le corps, mais celle qui comble le cœur et l'âme, celle qui se manifeste en compassion, en amour, en fidélité.
Comme chrétiens en ce monde, c'est à nous que Dieu dit aujourd'hui : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Or, nous avons parfois l'impression d'avoir si peu pour vivre notre mission, celle de témoins de l'espérance, de l'amour et de la compassion de Dieu. Mais Jésus nous confirme dans notre vocation : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais Seigneur, avons-nous envie de répondre : regarde-nous, nous ne sommes trop peu nombreux ; nous n'avons qu'une foi parfois superficielle, une espérance vulnérable, une charité prudente. Qu'est-ce cela pour tant de monde ! Mais le Seigneur nous dit : « apportez-les-moi » Apportez votre foi telle qu'elle est, votre espérance, votre charité de ce jour, apportez-les-moi et je les offrirai au Père et par elles, il pourra nourrir une foule, il pourra réconforter les cœurs et les âmes, il pourra guérir et apaiser. Dieu ne veut pas nous sauver sans nous !
Seigneur, nous voilà en ce temps de pandémie qui n'en finit pas, en ce temps de débats de société où nous voyons l'orgueil de l'homme qui se croit seul maître à bord, seul maître de la vie, de la nature et du monde. Nous voilà avec notre foi en toi, notre confiance qui s'appuie sur ta compassion infinie pour ce peuple des hommes. Voilà le peu que nous avons. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous nous savons aimés et nous savons que c'est par cette foi que tu nous sauves. Voilà ce que nous avons. Nous l'avons reçu de toi. Prends-le et fais retentir ton appel sauveur : « Venez à moi, vous tous qui avez soif ». Fortifie notre foi et permets-nous de répondre comme Paul aux Romains : « rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. »
Amen