Homélie de l'Ascension

Mgr Georges Pontier |  18 mai 2023

L'évangéliste Matthieu achève son évangile avec cette ultime rencontre entre Jésus ressuscité et ses disciples, sur la montagne de Galilée. S'achève le temps où le Ressuscité se donne à voir et à entendre, s'ouvre le temps où se réalise sa promesse : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. », une présence autre par l'envoi de l'Esprit-Saint, par l'œuvre de sa grâce, par le témoignage de ses disciples. L'apôtre Paul dans sa lettre aux Éphésiens nous offre les mots justes en ce jour : « Que le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaître. Qu'Il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel, la gloire sans prix de l'héritage que vous partagez avec les fidèles, et quelle puissance incomparable Il déploie pour nous, les croyants : c'est l'énergie, la force, la vigueur qu'Il a mise en œuvre dans le Christ quand Il l'a ressuscité d'entre les morts et qu'Il l'a fait asseoir à sa droite dans les cieux. »

Oui, que le Père ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur. Qu'Il nous introduise dans la connaissance et la compréhension de son amour infini pour nous. En son Fils bien aimé, il nous l'a manifesté. Il s'est fait homme. Il a fait corps avec l'humanité. Plus encore, il a fait de l'humanité le corps dont il a été fait la tête. En Lui, la communion entre Dieu et les hommes est rétablie, restaurée, sauvée. C'est l'œuvre de la puissance du Père. En cette fête de l'ascension nous célébrons le retour vers le Père du Fils bien-aimé. Mais il n'y revient pas seul. Vainqueur il entraine à sa suite toute l'humanité sauvée. Là où est passée la tête passera le corps, dans un enfantement renouvelé et inachevé, dans la gloire du Père, là où Dieu sera tout en tous et où nous serons introduits dans sa lumière et sa présence. Voilà l'espérance qui est la nôtre : là où est passée la tête, le corps passera !

L'évangéliste note : « Certains eurent des doutes. Jésus s'approcha d'eux. » Ainsi va l'histoire des croyants : des moments de lumière et des moments de doute, des moments de sérénité et des moments d'inquiétude, des moments de lumière et des moments de ténèbres ! Et Jésus s'approche d'eux : ce sont ceux-là qu'Il envoie en mission : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples », comme si c'était le témoignage qui guérissait des doutes, qui fortifiait la foi, qui faisait entrer dans la lumière. Jésus leur désigne la mission qui est la leur jusqu'à la fin des temps, la mission qui est la nôtre : devenir ses disciples, faire des disciples, faire des membres de ce corps dont il est la tête, une tête qui nourrit, qui guide, une tête qui entraine tout le corps, une tête qui ne veut perdre aucun de ses membres.

L'oraison de la messe exprimait bien le sens de cette fête : « l'ascension de ton Fils, le Christ, nous introduit déjà auprès de toi, nous les membres du corps dont il est la tête, appelés à vivre en espérance dans la gloire où il nous a précédés. »

Telle est notre foi, telle est la joie de cette fête, telle est notre espérance.

C'est aussi le témoignage que nous sommes chargés d'annoncer à ce monde des hommes que Dieu aime.

Amen