Homélie de la Toussaint 24

Mgr Georges Pontier |  1 novembre 2024

Chacun de nous veut réussir sa vie. Nous le souhaitons encore pour tous nos proches. Mais aussi pour notre pays et pour tous les pays du monde. Nous voulons au plus profond de nous-même le bonheur. Et ce désir nous habite alors que ce qui arrive dans le monde : les injustices, les guerres, les cataclysmes climatiques ; ce qui nous arrive à chacun de nous : épreuves de santé, épreuves familiales, épreuves dans notre travail, que sais-je encore, oui, tout cela vient troubler et gâcher nos existences. Au fond de nous-mêmes nous pouvons être perplexes.

Et voici que, pour nous autres, disciples du Christ, la fête de Toussaint nous propose l'engagement de Jésus dans ce même débat, dans ces questions profondes. Il habite un pays occupé, des violences multiformes sèment le trouble, des divisions marquent son peuple, des maladies entravent des vies. Il vient rejoindre ce peuple des hommes que Dieu aime. Il vient révéler l'amour de Dieu pour chacun et pour le monde : « Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son fils unique pour sauver ce monde. » Il est ce Fils bien-aimé fait homme. Et le voilà qui, après une trentaine d'années passées dans l'ordinaire des jours, commence la nouvelle étape de sa mission par un enseignement sur les chemins du bonheur. « Heureux, Heureux, Heureux. » Il s'adresse à une foule humble, simple, ordinaire. Il s'adresse à chacun de nous. Et il ouvre le cœur de Dieu. Il ouvre le chemin du bonheur, le chemin qu'il a mené, qu'il mène et mènera dans sa vie d'homme, semblable à la nôtre. Et Il nous propose de trouver le bonheur à l'intérieur de nous-même, dans nos choix, dans notre cœur, dans nos engagements, dans notre foi. C'est là que se trouve d'abord la source du bonheur : dans nos cœurs éclairés par notre foi et non dans les conditions de notre vie qui peuvent être si contrastées et si fragiles.

Alors il nous présente son visage, ce visage de celui qui est heureux : pauvre de cœur, compatissant aux souffrances des autres jusqu'à en pleurer, doux et humble, éloigné des violences multiformes, assoiffé de justice et de paix pour lui-même et pour les autres, miséricordieux et bienveillant, pur, simple, à l'opposé des cœurs divisés et troublés, engagé pour la justice jusqu'à en souffrir, insulté ou rejeté à cause de la foi en Dieu et en la vie au-delà de la mort. Oui un chemin où l'on reste maitre de son propre cœur pour ne pas l'entrainer dans des mirages ou des voies sans issues, dans ces addictions diverses qui rendent esclaves. Il est libre et heureux parce qu'il se sait aimé et parce qu'Il aime.

Oui le voilà ce cortège des humbles et des doux que nous présente la vision de l'apocalypse : cette foule d'anonymes qui ont vécu ainsi. Ceux et celles qu'on appelle les Saints de la porte d'à côté ou ceux de l'étage d'en-dessous. Oui, ceux et celles que nous admirons parce qu'ils vivent d'une manière lumineuse telle ou telle de ces béatitudes que Jésus a présentées comme des chemins de bonheur : c'est l'immense foule des humains solidaires, fidèles, engagés, fraternels, généreux. Les voilà ces visages qui reviennent à notre mémoire et que Jésus nous remémore.

Et l'apôtre Jean nous dévoile ce cœur du Christ, cette source du bonheur à laquelle il s'abreuve, cette source qu'il est venu rendre proche de chacun de nous : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes…Ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu'il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur. »

Le voilà le chemin du bonheur : se savoir enfant de Dieu et frère les uns des autres. « Vivons en enfants de Lumière sur les chemins où l'Esprit nous conduit : que vive en nous le nom du Père. » Mgr Georges Pontier