Père Michel Pagès | 29 septembre 2023
« Les publicains et les prostitués vous précèdent dans le Royaume de Dieu » (Mt 21, 28-32). Voilà une interpellation de Jésus qui ne peut nous laisser indifférents ! Bien sûr, elle s’adresse aux scribes, aux pharisiens et autres personnages souvent « trop sûrs d’eux-mêmes et de leurs convictions » ! Mais à y lire de près, Jésus pointe des incohérences que nous pouvons tous constater en nous-mêmes ; « dire non et exécuter ensuite » ou « dire oui et se dérober ensuite ». N’est-il pas vrai qu’elles peuvent se trouver en nous ces incohérences ? Rappelez-vous la conclusion du sermon sur la montagne : « Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur, qui entreront dans la Royaume, mais ceux qui font la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7, 21). Ou encore ; « Ce que disent les scribes et les pharisiens, dans la chaire de Moïse, faîtes-le, mais n’agissez pas comme eux car, ils disent et ne font pas » (Mt 23, 1-12). Je pense à Sainte Thérèse de Lisieux qui, dans l’assurance de sa foi, commence par « ne rien refuser à Dieu » tant elle est sûre de l’évidence de son existence et de son action, au point, dit-elle, « de ne pas croire qu’il puisse y avoir des athées » ! Mais, traversant à son tour, « les ténèbres de la tentation jusqu’à être prise de vertige devant l’abîme de sa faiblesse » dit-elle encore, finira par écrire : « je me suis assise à la table des pécheurs »…La foi en Jésus, l’accueil de l'Évangile, ne peuvent se réduire à « des mots » ou à « des convictions » qui d’ailleurs, peuvent évoluer…« Oui, Oui, on verra » ! L’Évangile, dans nos vies, ce sont des actes concrets auxquels on s’essaie. Voyez comme elle est bien réelle l’ambivalence de nos comportements, selon ce que l’on vit, ce que l’on expérimente, de l’état de nos comportements ou la conscience de nos fautes… Que comprendre ? Peut-être que, ce qu’on appelle « la conversion », est une question bien concrète. Qu’elle est possible à tous et à tout moment, à la seule condition de prendre les choses au sérieux et pas seulement par des mots… N’oublions pas, qu’à cette condition, tout devient possible, pour nous et pour le monde… Accueillons l’appel de notre Archevêque : « Le plus urgent est la transformation de nos cœurs…Cette transformation s’opère par un travail sur nos relations à Dieu et aux frères…En s’engageant, l’être humain apprend à se connaître et à découvrir le potentiel que Dieu a mis en lui »… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire