Père Michel Pagès | 22 décembre 2023
L'évènement de l'Annonciation est sûr (Lc 1, 26-38). Il ne se réduit pas à un reportage mais, par la délicatesse d'un dialogue, il révèle une relation, une rencontre digne « d'une histoire d'amour » qui sonne vraie et qui interpelle toutes les nôtres ! « Je te salue comblée de grâce, le Seigneur est avec toi, à ces mots, Marie fut toute bouleversée et se demandait ce que cela signifiait ». Marie est comme troublée de cette salutation parce que Dieu fait « le premier pas » en faisant irruption dans sa vie et en manifestant un amour indicible…Dieu fait toujours le « premier pas », y pensez- vous ? Et l'envoyé de Dieu rassure « Sois sans crainte, Marie, tu as trouvé grâce auprès de Dieu »…Comme une délicatesse, parce qu’en amour, d’une façon ou d’une autre, il faut de la délicatesse et Dieu en fait la démonstration…Et puis vient l'annonce et la promesse « Voici que tu vas concevoir un fils et tu lui donneras le nom de Jésus et son règne n'aura pas de fin ». Notez la promesse : « pas de fin ». En amour, c’est le « toujours » qui fait sens, telle une promesse d'amour qui a vocation à durer, une promesse d'éternité telle que l'homme, mystérieusement, la désire malgré ses faiblesses et ses chutes…Marie alors s'inquiète et s'interroge légitimement « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d'homme ? ». On ne peut gommer ce « trouble » et cette interrogation. C'est le trouble de l'humanité, en Marie « fille de la terre », chaque fois que Dieu s'approche et propose un projet durable et plein de promesses. C’est comme un mélange de désir et de crainte. Marie prend conscience de cet amour immense sur elle, de ce choix dont elle est l'objet et d'une promesse de fécondité « en Dieu ». Et on peut entendre cette « crainte mêlée de désir » car elle se sait vierge et humaine face à une annonce qui la dépasse. Dieu parfois, agit ainsi et demande de poser un acte de foi en l'impossible pour chacune de vos vies…Et tout se précise alors « L'Esprit Saint viendra sur toi et te prendra sous son ombre » (on dit « obombrée » comme « revêtue »). Comme on le fait pour rassurer, protéger, face à ce qui fait peur, face à ce qui paraît impossible, ainsi la volonté de Dieu et son invitation à lui faire confiance. Mais la liberté de l'homme reste totale et entière et pour Marie aussi. Dieu touche ce qu'il y a de plus profond en nous et attend notre réponse libre…mais il propose aussi « sa bienveillance », sa « protection »… Puis vient ce que certains ont appelé « le débordement d'amour » : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il le soit fait selon ta volonté »…Marie finit pas consentir et par accueillir cet amour et sa promesse particulière de fécondité. Un jour ou l'autre, il faut répondre, consentir en nos vies…Cet Evangile de l'Annonciation est une Bonne Nouvelle pour Marie car elle pressent le projet de Dieu à transformer le monde. C'est aussi une Bonne Nouvelle pour nous et l'humanité toute entière car « Dieu se fait homme » comme on demande l'hospitalité. Et soudain, l'humaine faiblesse peut se changer en promesses dans un monde, et nous-mêmes, qui en avons tant besoin… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire