Mgr Georges Pontier | 2 avril 2023
La lecture de la passion de Jésus nous touche profondément : Comment est-ce possible que les hommes soient si durs et ignobles entre eux ? Comment est-ce possible que le Fils Bien aimé du Père connaisse ce sort-là alors qu'il s'est incarné pour le salut des hommes ? Comment se fait-il que Dieu, le tout puissant subisse un tel sort ? St Charles de Foucauld fut marquée par une phrase prononcée par l'abbé Huvelin, curé de St augustin à Paris : « Le Christ a tellement pris la dernière place que jamais personne n'a pu la lui ravir. » Et il s'est employé à rechercher la dernière place, lui qui avait essayé d'autres chemins de réussite, ceux de ce monde. Mais cela ne l'avait pas comblé !
Il avait compris que sous le visage du crucifié, humilié, dépouillé, raillé, trahi, se révélait la véritable puissance de Dieu, celle d'aimer jusqu'au bout, celle de faire de sa vie un don : « Mon Père, s'il est possible que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme tu veux. » Et la volonté du Père est que tout homme soit sauvé, que tout homme retrouve des bras aimants qui s'ouvrent pour lui, même après ses pires fautes. Tel est l'amour infini et miséricordieux du Seigneur de l'univers, telle est la puissance de Dieu, d'habiller tout d'amour, de pardon, même celui qui l'humilie le plus, le blesse le plus, le déçoit, l'offense le plus. Il prend sur lui le péché de l'homme.
L'évangéliste Matthieu écrit pour des juifs connaisseurs de la Bible et il s'appuie sur le psaume 21-22 pour nous conduire à la compréhension qu'en Jésus s'accomplit ce qui était annoncé dans les écritures. Ce psaume commence par le cri de désespoir que peut connaître tout homme souffrant : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné ? mais se termine par un cri de confiance en la fidélité de Dieu : « Tu m'as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères » Et ce nom, c'est celui de : Père. Il ajoute ensuite les signes traditionnels, caractéristiques des interventions de Dieu dans la Bible : l'obscurité précédant la lumière, les tremblements de terre, les tombeaux qui s'ouvrent. Et il couronne cela par le cri de foi du centurion qui gardait Jésus : « Vraiment, celui-ci était fils de Dieu. » Le rideau du temple se déchira comme pour signifier que l'ancienne alliance s'accomplit désormais dans la nouvelle scellée dans le sang du Christ versé sur la croix : alliance d'amour, alliance où Dieu nous élève jusqu'à sa capacité d'aimer, où Jésus nous attend pour boire à la coupe du salut en son royaume d'amour.
Dans huit jours nous renouvellerons notre foi en ce Christ ressuscité par le Père, ouvrant nos tombeaux obscurs, guérissant nos blessures, réjouissant nos cœurs. Aujourd'hui et durant cette semaine, nous l'accompagnerons dans le don de sa vie pour nous et dans les signes qu'il nous a laissés pour nous accompagner en cette vie, l'eucharistie en particulier, mais aussi le pardon.
Gloire soit au Père, au Fils et à l'Esprit ! Gloire au Dieu d'amour !
Amen