Père Michel Pagès | 4 novembre 2022
Les sadducéens n’en sont pas à une provocation près et ils aiment la confrontation, le débat d’idées, « la disputatio » à la mode médiévale. Ils utilisent un « cas d’école » pour contester et se moquer de ceux qui croient en la résurrection des morts. Et pour cela, ils évoquent, tirée du livre du Deutéronome (Dt 25, 6) « la loi du lévirat » qui consiste à préserver une descendance aux hommes qui sont morts sans enfants. Ainsi la veuve devait se marier avec un frère du défunt et le premier fils de cette deuxième union devait porter le nom de son frère défunt, afin que son nom ne soit pas effacé d’Israël…Pour le coup Jésus accepte la confrontation (Luc 20, 27-38), mais il enseigne ; le monde de la résurrection relève d’une autre logique que le seul calcul humain. Être humain c’est porter le souci légitime et premier d’une descendance et la sexualité est œuvre bonne, mais liée à ce monde ci. Jésus respecte cela mais il déplace le débat pour donner à entendre que nous sommes uniques aux yeux de Dieu et que nous sommes appelés à entretenir une relation unique avec lui et féconde en vie éternelle où elle sera purifiée. La sexualité a quelque chose de limité à ce monde qui passe et elle ne peut prétendre tout dire de la fécondité d’une vie. « Il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du Royaume des cieux, celui qui peut comprendre, qu’il comprenne » (Mt 19). Avez-vous noté l’argumentaire de Jésus ? Il cite « Le Seigneur Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob » en distinguant, comme pour montrer une relation unique et personnelle avec Dieu. C’est cette relation unique que Jésus vient révéler à nos vies. « Il n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants » (Luc 20, 27-38). Et cette relation est unique pour chacun de nous comme notre vie est unique, pour une fécondité unique et précieuse qui va bien au-delà de la seule sexualité. Jésus continuera son enseignement dans la même logique en parlant du rapport à César et à l’autorité…Lors de ma scolarité de maîtrise à l’Institut Catholique je me souviens avoir travaillé chez « les pères » ce qu’on appelle « les listes » de péchés censés aider les pénitents à vivre la confession. Ce qui frappe c’est qu’ils n’ont pas le même regard sur telle ou telle faute ou combat et en particulier celui du rapport au corps. C’est dire que chacun doit mener le sien et chercher une fécondité qui dépasse les seules contingences du corps et du temps… « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et la vie en abondance » (Jean 10,10) Père Michel Pagès, recteur