Père Michel Pagès | 24 mars 2023
En dépit du constat que notre société prenne grand soin de la cacher « La mort » est bien réelle quand elle touche nos proches, avec son lot de vérité et concret. Il suffit de lire cet évangile, tout y est, pleurs, questions, reproches, larmes, soutien (Jean 11, 1-47) « Il est dans le tombeau depuis 4 jours » « Si tu avais été là » « Les juifs étaient dans la maison pour réconforter Marie » « Quand Jésus vit Marie pleurer, il se troubla » « Jésus fondit en larmes »« Seigneur il sent déjà »…Avez-vous noté que Marthe et Marie restent conformes à leur caractère, l’une plus active et l’autre plus contemplative, avec les mêmes questions que nous ; « Que s’est-il passé » ? Aujourd’hui encore, et malgré tous les anonymats, les enterrements sont occasions de retrouvailles, de questions, de vérité des personnes mais aussi de prendre acte de la brièveté de la vie ! Et c’est sur ce constat, bien humain, que Jésus enseigne. « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu » ! Dans la Bible, la « gloire de Dieu » c’est qu’il est le Dieu de la vie et non de la maladie et de la mort. Le « mystérieux temps » que Jésus prend avant de réagir, nous enseigne à savoir attendre et espérer « au-delà des apparences »… « Moi, je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra, crois-tu cela ? ». La Foi renvoi sans cesse à la vie, à un mystère de vie, et comme nous, Marthe et Marie sont appelés à accueillir ce « mystère de vie » au cœur de leur deuil douloureux. La résurrection n’est pas une théorie mais une réalité, une « puissance de vie au plein cœur de la mort », que nous sommes invités à accueillir. Même si « le trouble » et « les larmes » de Jésus sont là pour nous dire la proximité de Jésus et « le passage à vivre » ! Jésus a connu toutes les émotions de notre humanité et on peut se souvenir de la tradition « du don des larmes » chez les mystiques, qui lavent et libèrent…Jésus ne fait pas dans le spectaculaire, il montre sa compassion face à toutes les révoltes et toutes les peines mais il appelle à le suivre encore et toujours sur son « chemin de salut ». Le « relèvement » de Lazare est une affirmation de ce que Jésus veut faire de chacun de nous qui le suivons, lui qui a vaincu la mort. Jésus veut nous libérer des « liens qui nous entravent et nous empêchent de vivre ». Nul n’échappe à la mort humaine, mais nous savons désormais, grâce à Lazare, que la maladie et la mort qui nous attendent sont des appels à la manifestation de « la gloire de Dieu »… « Croyez-vous cela ? » Père Michel Pagès, recteur