Père Michel Pagès | 4 avril 2025
Nous sommes tous des pécheurs…et nous cédons trop souvent à la tentation de nous juger les uns les autres ou de nous critiquer ! Au travers de cette femme « en situation d'adultère », Jésus s'exprime sur l'infidélité. Les scribes et les pharisiens (Jean 8, 1-11) veulent tester Jésus et son zèle à pardonner aux pécheurs: « Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve »…eux qui ne sont qu'une expression de plus, d'un peuple qui, dans la Bible, s'est maintes fois, comporté comme « un peuple infidèle »…infidélité qui nous rappelle que tous les cœurs et tous les comportements humains sont fragiles…Lisez dans la Bible, le livre du prophète Osée qui porte bien son nom…Notez, en écho, le sens du mot « fidélité » :« fait avec foi », comme « l'élan de la foi », comme « une éternelle nouveauté » qu'évoquent Isaïe et St Paul : « ne rumine pas ton passé » ou « souviens-toi de la puissance de résurrection de Jésus »… Ce que Jésus veut faire, c'est manifester à tous et donc à nous, son infinie miséricorde qui ne désespère pas de toucher nos cœurs. La psychologie élémentaire prouve qu'on a tendance à critiquer les autres dans la mesure où l'on est soi-même inconsciemment critiquable ! N'est-ce pas l'appel de Jésus face à cette condamnation de prime abord de la femme adultère ? « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre ». Il y a tant de péchés à reconnaître, qui nous éloignent de Dieu : jugement, orgueil, convoitise, avarice, colère…Jésus déplace le débat en renvoyant chaque accusateur à sa propre conscience. Mais c'est la suite qui compte désormais, je veux dire, la lucidité sur soi et la modestie sur les autres. Jésus veille à n'enfermer personne, au point de laisser à chacun la possibilité de partir sans perdre la face ; « il se baissa à nouveau et écrivit sur le sol ». Les accusateurs se retrouvent pris au piège de leurs contradictions mais ils comprennent qu'ils peuvent s'effacer sans humiliation et se repentir, comme cette femme : « Moi non plus je ne te condamne pas, va et ne pèche plus ». Je pense à ces personnes harcelées sur les réseaux sociaux et autres lieux de communication, par le détournement de leur identité ou la menace d'une fausse culpabilité. Saint Augustin aimait à dire: « Hais le péché mais aime le pécheur ». Il parait, disaient les premiers convertis, que « le jour où l'on a croisé le regard de Jésus, on est plus prompt à ne plus condamner » ! Le jugement est toujours une impasse dont on peut sortir…Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire