Père Michel Pagès | 17 mars 2023
Nous voici témoins d’un débat, on pourrait dire d’un affrontement, entre Jésus et les pharisiens sur la base d’un « aveugle de naissance » (Jean 9, 1-41). Mais ce débat, cet affrontement, peut habiter chacun d’entre nous chaque fois que notre vie est questionnée par une épreuve, la mort d’un innocent, une culpabilité, une injustice. La tentation est la même que pour les pharisiens ; Qui a péché ? Qui est responsable ? La recherche d’un coupable serait « la clé » de nos soucis ? Relevons l’attitude de Jésus qui refuse cela et ne se contente pas de « belles paroles » ou de « paroles de condamnation » de tel ou tel mais il agit par un geste concret en appliquant de la salive sur les yeux de l’aveugle. On ne fait pas face aux questionnements de vie par de « belles paroles » ou « par des accusations » mais par « un contact », une solidarité, une proximité. Dès lors nous voici impliqués dans ce récit et invités à nous laisser interroger sur nos propres « aveuglements ». Bien plus, il s’agit de « convertir nos regards », nos interprétations, nos jugements, nos accusations pour « entrer dans une démarche concrète de Foi ». Quels sont nos « aveuglements » ? L’aveugle est passé de la nuit à la lumière et nous ? « Se convertir » c’est changer son regard sur les personnes qui nous entourent, sur les évènements ou les défis du monde ! Et que voient les gens ? Un homme qu’il connaisse, qui était aveugle et qu’ils voient guéri et le voilà qui répète son histoire par le détail « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m’a frotté les yeux et m’a dit de me laver à la piscine de Siloé, j’y suis allé et j’ai vu »…Un témoignage concret, un changement de vie est bien plus percutant que tous les discours ! Et nous voilà rendus au questionnement fondamental de « la Foi ». Ne nous est-il pas arrivé de refuser de croire à cause de nos seules idées ? Sommes-nous capable de voir ce que la Foi permet de concret chez les autres ? Parfois il est nécessaire de reconnaître que nous ne comprenons pas tout au lieu de chercher des coupables ! Il suffit parfois de se mettre à l’écoute, de se rendre attentif à ce qui nous dépasse pour « accueillir le signe » ! Si cet homme est guéri c’est que Dieu a exaucé sa prière et a agi. L’homme de Foi est toujours en attente, loin d’une certitude acquise. Il n’enferme pas Dieu dans sa logique mais se laisse surprendre. On dit de « l’enfer » qu’il est « la séparation éternelle de Dieu en conséquence d’un repli définitif sur soi ». « Serions-nous des aveugles nous aussi ? » disent les pharisiens. Et nous ? Père Michel Pagès, recteur