Père Michel Pagès | 14 mars 2025
L'Evangile vient de nous donner à voir Jésus « en prière » (Luc 9, 28-36). De la solitude du désert face au tentateur, que nous lisions le Premier Dimanche de Carême, nous le voyons en solitude sur une montagne « en prière ». Il est bon de se dire, dans nos joies et difficultés « à prier » : Jésus a prié et il était habité par la prière. De cette prière rayonne sa relation au Père qui « le transfigure » en ce jour. Face à cela, Pierre, Jean et Jacques « sont accablés de sommeil » dit le texte et c'est le mystérieux « rayonnement » de Jésus qui semble les réveiller. Ils ressentent alors quelque chose qui les dépasse mais quelque chose qui les met en joie : « il est bon Maître que nous soyons ici ». Ils comprennent qu'en Jésus tout se joue car « il est le fils bien aimé, choisi par le Père » et il en « rayonne ! L'événement de la transfiguration ne dure qu'un temps mais il révèle l'identité profonde de Jésus. Permettez-moi de solliciter votre réflexion…D'abord, la prise de conscience que dans notre propre prière, vécue en vérité, peut se révéler notre identité profonde et réelle d'enfant de Dieu. Loin des apparences de toutes sortes, loin des records, voilà l'appel de l'Evangile : chercher en soi, pour en vivre et en rayonner, ce que Jésus nous permet de vivre par la grâce de la prière…Ensuite, et dans un lien nécessaire avec notre prière, l'invitation à donner un vrai témoignage de vie dans une forme ou l'autre de « rayonnement » parce que c'est le fruit de notre prière, le fruit d'une relation vivante avec Dieu. On peut d’ailleurs « rayonner » sans le vouloir…c’est peut-être cela qui sonne vrai, comme une crédibilité ! Enfin, la capacité à changer notre regard sur le monde qui nous entoure et sur les autres qui font nos relations. C'est une grande loi de l'amour que de regarder les autres différemment et de voir ce qu'il y a de meilleur en eux, bien au-delà des apparences trompeuses. Y a-t-il une vraie prière si rien ne change dans notre rapport aux autres ? L'enjeu est immense puisque la prière a vocation à changer notre regard et quelque part, le transfigurer… Quand l'Evangile dit « Son visage devint tout autre et son vêtement éblouissant » c'est toute la personne de Jésus qui est comme « saisie ». L'annonce que Jésus a fait de sa passion, peu avant la transfiguration, ne peut en rien, effacer ce qu'il est venu dire et faire. Voilà ce que l'Eglise proclame : la passion, la souffrance, la croix, la mort, ne sont plus les derniers mots de l'histoire ni un échec absolu du monde…mais bien une promesse de vie et de lumière que toute prière a vocation à illustrer…Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire