Carême 1 – Ne nous laissons pas détourner de notre vocation

Père Michel Pagès |  9 mars 2025

« Dans l'Esprit, Jésus fut conduit au désert et pendant quarante jours, fut tenté par le diable ». Le combat de Jésus contre le mal (Luc 4, 1-13) interroge l'homme contemporain, et pourtant ! On peut être surpris par l'abondance, en librairie, de rayons pudiquement appelés, « ésotérisme » ou « parapsychologie », qui évoque de près de ou de loin ces sujets. Faut-il le rappeler, l'Evangile nous révèle que l'homme est, de fait, confronté à ce que l'on nomme « mal » et qui n'est pas seulement « le mal en général » mais un mal qui prend forme, personnifié. L'Evangile le nomme de différents noms : « le diable » qui veut dire « le diviseur », « démon » qui exprime un « esprit mauvais », « le satan » comme « celui qui fait tomber ». Jésus affronte ces réalités et nous promet de nous assister. Sans voir le mal partout, l'Eglise est à ce point lucide qu'elle a mission d'entendre, de vérifier et d'aider ceux qui sont « en combat » face à ce qui, en leur vie, à visage de mal. De nos jours, des agences de voyage proposent des séjours de « traversée du désert dans des 4×4 aménagés ». La Bible, elle, parle de « lieu aride », de » faim », de « soif », de « bêtes sauvages », mais aussi d'un lieu de vérité où les hommes sont éprouvés sur le sens de leur vie et où les vocations se renforcent ou se détruisent. La pandémie Covid a réactualisé « la quarantaine », ce temps historiquement biblique du peuple de Dieu traversant le désert, ce temps où Moïse jeûna au Sinaï avant de recevoir les dix paroles pour vivre, ce temps que Jésus affronta. Subitement « la quarantaine » a retrouvé sa réalité d'épreuve mais aussi de capacité d'attente « pour en sortir » et renaître…Le récit évangélique situe les trois tentations « au désert » mais aussi sur « une montagne » et enfin dans « un temple ». Trois lieux qui, curieusement, renvoient à l'expérience et à la rencontre avec Dieu, mais que le mal détourne. Jésus répond par un Dieu qui parle en ces lieux et qui veut nous « garder du mauvais » : « Il est écrit » répète-t-il sans cesse. Les trois tentations parlent de « richesse », de « pouvoir », de « séduction ». L'Evangile répond  par « le vrai pain de la Parole », « le vrai pouvoir qui est de servir » et du témoignage qui n'est pas de séduire les foules ou d'en abuser, mais de « former des disciples » annonciateurs de vie. Le Carême veut nous conforter dans nos vocations, parfois « en résistance », car tant de choses peuvent nous « détourner », mais toujours « en Espérance » pour éclairer nos vies…Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire