Elles sont nombreuses, dans l'Art, les représentions de cette « rencontre » entre Marie enceinte de Jésus et Elisabeth enceinte de Jean-Baptiste. Comme si, cette « rencontre » nous apprenait, l'enjeu et la valeur de toute relation qui veut se vivre sous le regard de Dieu. Ils sont nombreux les commentateurs de l'évènement, à parler de ce « tressaillement » qui se produit dans le sein de ces deux femmes, d'une « allégresse », « d'un mouvement intérieur » que l'Esprit-Saint opère mystérieusement en chacune. Il nous faut en tirer tout le sens pour nous-même et pour l'œuvre de Dieu en ce monde et dans nos vies…Je vous y invite ! D'aucuns louent, en elles, cet « appel à la sollicitude » que nous devons avoir les uns pour les autres car on ne peut prétendre avoir avec Dieu des relations filiales et, en même temps, ne penser qu'à soi et à ses propres problèmes. On ne peut entrer dans une intimité et s'enfermer dans d'égoïstes problèmes personnels. D'autres aiment à reconnaitre la « vocation de l'Eglise qui porte Jésus au monde ». L'Eglise porte en elle, mystérieusement, « la Parole qui sauve » et « les sacrements », « signes efficaces qui font naître et vivre de la vie de Dieu ». Jésus reste comme caché et pourtant « réellement présent » et agissant dans son Eglise pour que chacun de prenne sa place. Certains aiment à voir quelque chose du « charisme de fécondité » dans le projet de Dieu. Et il est vrai que cet Evangile (Luc 1, 39-45) fait la part belle aux femmes, en manifestant qu'elles sont en train de vivre une expérience toute spécifique, elles sont enceintes. D'emblée, leur rencontre est centrée, non pas sur elles, mais sur les enfants qu'elles portent. Elles nous montrent que, dans cette situation qui les dépasse, elles trouvent un accomplissement. A l'approche de Noël, n'avons-nous à faire appel à notre cheminement spirituel qui, d'une façon ou d'une autre, a vocation à nous faire ressentir un tressaillement, une allégresse, un mouvement intérieur. Des circonstances permettent parfois que ces mots prennent un sens concret et vital en nos vies. Le risque est grand, en ces temps désabusés et violents, de l'oublier. Pour ces femmes, le bonheur est « en Dieu », il se reçoit de Dieu, il est « don de Dieu ». L'évènement de la Nativité vient nous le rappeler à chacun : ce monde est habité désormais et il veut appeler tous les hommes à ce « tressaillement » qui fait vivre. Noël est à nos portes. Dieu prend le visage de Jésus et tout homme peut s'en réjouir pour connaître un autre tressaillement de vie…Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire