Père Michel Pagès | 16 décembre 2024
La question posée à Jean Baptiste (Luc 3, 10-18) est de toujours pour ceux qui veulent prendre au sérieux le message évangélique dont Jean Baptiste est l'annonciateur ! Mais qui ne s'est pas dit, face à de multiples situations, un jour : « Que dois-je faire »? La réponse du « Baptiste » ne se cantonne pas à vouloir « redresser des comportements », non, il « annonce » ce que l'Evangile vient opérer dans la vie des hommes, un changement mais qui n'est pas d'abord « extérieur », non, il veut « toucher le cœur » de l'homme. De fait, il ne s'agit pas tant de « faire quelque chose » que de s'ouvrir enfin à l'action de l'Esprit Saint qui sera le Baptême donné par Jésus. Nous savons tous que c'est bien cela, l'enjeu ; le cœur de l'homme, le cœur de tous les hommes sur cette terre ! Mais pour « toucher les cœurs », il faut du temps, il faut des approches. On dira de Jean Baptiste qu'il est l'homme de « la préparation », des « annonces ». L'histoire humaine illustre bien cela, comme une lente « approche » de Dieu dans le cœur des hommes. Depuis toujours l'homme aspire à ce qui peut « changer le monde et sa vie » mais il lui faut du temps pour comprendre que cela passe par le cœur de chacun et pas d'abord par des révolutions. Jean Baptiste veut « orienter » les cœurs et les consciences vers cela. Certes, il parle de partage, de justice, d'honnêteté mais il sait que sans « l'assentiment du cœur », rien n'est vraiment acquis. On pourrait même aller plus loin ; de quelle manière comprenons-nous notre propre histoire humaine et personnelle ? Ce travail, il faut le faire chacun. Il y a eu, il y a encore dans notre histoire personnelle des moments, des évènements, des signes qui ont pu nous alerter sur ce qui donnait ou pas, sens à notre vie, à notre histoire. Et c'est à l'intime du coeur que nous mesurons l'enjeu.
Sommes-nous des auditeurs attentifs à ce qui se passe « en nous » suite à tel évènement de vie, à tel appel du corps ou de l'esprit, à telle épreuve, à telle indifférence ou à telle hostilité ? Accueillir Jésus, comme nous y invite Jean Baptiste, c'est l'accueillir au plus intime, au plus profond, au plus dense de notre vie, au plus vrai, pas de loin et pas de haut et pour une joie. Vous connaissez l'adage: « Quand on est beau au fond de soi, un jour ou l'autre quelqu'un le voit, Dieu le voit » « Que devons-nous faire » ? Peut-être nous laisser toucher, atteindre, solliciter, interpeller par nombre d'évènements où le Christ lui-même se cache et se révèle… Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire