Père Michel Pagès | 1 décembre 2023
J’ai encore en mémoire, cette période du Covid 19 où il fallait jongler entre « confinement » et « couvre-feu ». Nous étions comme lassés, saturés, dans notre « veille » et notre « attente d’en sortir »…La « veille » et « l’attente » qui ouvre ce temps de préparation à Noël est autre (Marc 13, 33-37). La Foi nous fait proclamer « qu’il est venu et qu’il reviendra », que nous devons rester dans une « joyeuse attente », une « joyeuse espérance ». Cette « joyeuse espérance » s’explique par la promesse d’une rencontre. Noël est une « rencontre » qui fait date dans la vie du monde et dans la vie de chacun de nous si nous la prenons au sérieux. « Veiller » c’est deviner ce qui nous attend, l’espérer, le réactualiser, en vivre. Tout cela est bien concret. Nous sommes « une religion du corps », au sens où tout est réel, pas seulement des mots, encore moins une illusion. On peut dire que tout se joue « dans la chair » c’est-à-dire « dans le concret de nos vies ». Jésus, » l’Emmanuel » veut dire « Dieu avec nous », pas ailleurs ! Du coup, toutes les circonstances de nos vies, notre ordinaire, nos rencontres, les circonstances, ont vocation à être éclairés. Notre « veille » est donc bien une expérience de tous les jours, mais elle est comme « habitée » mystérieusement d’une présence. Les théologiens disent « le déjà là » et « le pas encore ». Vivons ce temps de l’Avent (« Avènement/Venue ») éclairés de l’intérieur afin de progresser en vue d’un accomplissement. Les chrétiens portent en eux ce désir profond d’aller plus loin dans la connaissance et l’expérience du Christ en leur vie. En ce sens, on peut dire « Noël c’est tous les jours » si nous accueillons, au quotidien « celui qui vient » ! La « lassitude » que j’évoquais en commençant, met à mal notre espérance et notre joie de croire. Attendre, c’est « tendre vers », comme si, au plus profond, nous restions insatisfaits des « choses humaines », toujours fragiles, précaires, parfois décevantes. Sans « désir », sans « attente », nous nous exposons à l’ennui, terrible ennui qui fait perdre goût à toutes choses et à la vie. Nous ne sommes pas faits pour l’ennui, mais pour désirer et l’authentique désir a des racines profondes en nous.
Méditez cette semaine les textes de ce dimanche : « Ah, si tu déchirais les cieux, si tu descendais…nous sommes l’argile et tu es le potier, nous sommes l’ouvrage de tes mains » (Isaïe 63 et 64). « Dieu nous donne sa grâce… il nous fait tenir jusqu’au bout » (I Cor 1, 3-9)…Donnez du sens à vos désirs…Bon « Avent » ! Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire