Père Michel Pagès | 27 février 2025
Un questionnement habite le cœur de nos existences : comment reconnaitre le bien et le mal ? Comment, en certaines situations, faire la part des choses ? Comment savoir ce qui vient de Dieu et ce qui n'en vient pas ? Et a fortiori, comment aider les autres à discerner ? » Un aveugle peut-il guider un autre aveugle, ne tomberont ils pas tous deux dans un trou? » dit Jésus (Luc 6, 39-45). Dans une autre parabole, Jésus nous donne un conseil : « attendre l'heure de la moisson avant de séparer le bon grain et l'ivraie » ou encore « attendre les fruits ». Faut-il comprendre qu'il faut toujours le temps de la patience, le temps de l'attente, le temps du respect pour la sève qui monte et pour la vie qui bourgeonne. Il viendra, c'est sûr, le temps du discernement ! St Augustin dit à sa façon « que le temps des hommes n'est pas le temps de Dieu ». Comprenons bien…nos impatiences trop nombreuses, nos jugements hâtifs, nos paroles trop faciles, nos évaluations sans recul…ne résolvent rien. On peut aussi s'interroger sur le fait que « certains pèchent et que rien ne leur arrive », « que d'autres s'essaient à une vie bonne, avec beaucoup d'épreuves » (Ben Sirac le sage 5, 1-8) Nous savons cela ! Jésus répond par une autre façon pour rejoindre cette interrogation profonde et incontournable, il nous demande de ne pas nous arrêter « à l'extérieur » mais de « regarder le cœur » ! N'a-t-il pas dit que « le mauvais ne vient pas de l'extérieur mais du cœur de l'homme » ? Et ce qu'il y a dans le cœur finit toujours par déborder par la bouche ! « La parole c'est ce qui déborde du cœur » dit Jésus. Et nos paroles sont bonnes ou pas, selon ce qui se passe dans notre cœur. La clé, nous l'avons…attention à ce que nous disons, paroles délétères, paroles mortifères, paroles contradictoires, paroles de jugements, paroles de dérision, que sais-je ? « Nos paroles nous jugeront » dit l'Ecriture. Là se joue le défi et l'enjeu. Là aussi, se joue notre Espérance et la conversion toujours possible de nos cœurs. Je conseille souvent au pénitent sincère, la parole du psalmiste : « mets une garde à mes lèvres, Seigneur » (Ps 140). C'est alors une autre parole qui vient à notre secours, La Parole de Dieu, celle qui peut toucher le profond de nos cœurs, pour en libérer « les bons fruits » et taire les aigreurs. « Parole bonne car elle sort du cœur de Dieu qui est bon ». Agissante en nous, par des élans d'amour, de merci, de pardon, de respect et surtout de patience…Père Michel Pagès, recteur du Sanctuaire