Une église-sanctuaire au cœur de Toulouse

Sanctuaire Saint-Jérôme L'adoration perpétuelle au cœur de Toulouse

8 octobre 2023 – 27e dimanche du Temps Ordinaire

Père Christian Teysseyre |  8 octobre 2023

Rupture et renouvellement

Cette parabole de Jésus décrit un drame historique. Un double drame, celui qui concerne la vigne et le règne de Dieu et celui qui concerne le fils du maître. Ce dernier aspect va prendre la première place.  C'est le drame que Jésus est en train de de vivre. Il est le personnage central au cœur de ce récit (comme fils du maître, il est le Fils du Père)

Dieu attend les fruits. Il est le maître de la vigne. Le maître sans conteste. La vigne n'a pas de légitimité hors de lui. Les fruits lui reviennent. Ils lui appartiennent. L'homme n'est que gérant

Il y a le temps des fruits ou de la récolte, de la moisson. Que de fois Jésus a insisté sur ce moment qui caractérise sa mission. Il a conscience d'inaugurer cet avènement décisif.
L'infidélité manifeste conduit à la dévastation, à un désert comme l'annonçait le prophète Isaïe dans première lecture dans le chant de la vigne, huit siècles avent JC)

Et voilà que la prophétie s'accomplit encore, l'histoire du refus se poursuit. Après avoir maltraité et tué les envoyés de Dieu, les prophètes, les vignerons vont maintenant tuer le fils envoyé en dernier lieu…Le fait qu'ils soit le Fils ne change rien, il déchaîne toute la haine et toute la violence.

Il y a là un trait spécifique et irréversible relatif à la venue de Dieu en notre monde, à la venue du Christ et à sa manifestation dans l'histoire des hommes.

Les raisons :

– Ces vignerons se comportent comme s'ils étaient les propriétaires de la vigne., comme si les fruits étaient pour eux. D'ailleurs c'est le maître qui a fait l'essentiel du travail avant de partir. Il a pris toute la peine. Mais il confie à l'homme sa part de responsabilité dans l'accomplissement de son œuvre.
Mais le gérant va se comporter en usurpateur.

La convoitise, la prétention à posséder les fruits est au cœur du contentieux avec Dieu. L'homme entend déposséder Dieu de ce qui lui revient et appartient

L'homme s'enferme dans le refus de rendre.

La convoitise de la possession et la volonté de posséder, de tout garder pour soi, de s'approprier ce qui revient à Dieu, est la tentation des origines, le positionnement originel de l'homme, la prétention d'Adam.

Nous avons là le portrait des refus de l'humanité au long des âges, de la prétention permanente de l'homme de s'ériger en maître. Chacun peut le vérifier dans sa vie, comme aussi le dévoiement et la dérive des droits absolutisés le fait entrevoir dans une prétention à se déclarer maître de tout et de tout s'approprier.

Or dans la pensée de Jésus, conformément aussi à la culture juive, il n'y a d'approche que binaire : la vie en plénitude ou la mort, la fidélité ou l'infidélité.

On le voit dans cette parabole : Jésus n'a aucune difficulté ou résistance à exprimer les forts sentiments du maître s'exprimant dans une réaction de colère. Le maître cache Dieu. Dans un anthropomorphisme assumé jésus laisse dire à ses auditeurs la sanction du maître : « ces misérables, il les fera périr misérablement et il louera la vigne à d'autres vignerons ». Il met sur les lèvres de ses auditeurs ce qui va se produire. Par-là est souligné la souffrance du maître, c'est-à-dire de Dieu lui-même. Ce n'est pas la seule fois où Jésus présente ainsi la réaction du maître (alors qu'ailleurs nous avons d'autres présentations sur la miséricorde ou le Dieu berger allant à la recherche de la brebis perdu).

Jésus vise les chefs religieux. Il le fait avec une fermeté et une dureté, une force étonnante, soulignant leur responsabilité dans la mort du fils et dans le rejet du dessein de Dieu.Dieu n'est ni impavide, ni impassible. Il y a toujours des sentiments forts. Ici il s'agit de l'amour déçu de Dieu. Il y a un investissement passionnel que Jésus souligne.

Ne soyons pas heurtés par cela, mais accédons aux pensées de Jésus et à son cœur quand cette tension surgit à son comble. Il se situe à la suite des psaumes et de tout l'ancien testament, des prophètes en particulier. Nous serions tentés d'excuser l'Ancien Testament. Le problème n'est pas d'excuser et de mettre entre parenthèse ce langage de violence, mais d'accéder à qui se trouve caché.

Jésus fait entrevoir qu'il se reconnait comme le fils, qu'il est l'acteur de ce drame cosmique, qu'il va mourir du fait de ceux auprès desquels le Père l'avait envoyé.

Quant au Père, il demeure constant et fidèle dans son projet. Il confiera la vigne à d'autres vignerons qui lui en rendront les fruits en temps voulu

Jésus affirme en même temps que la mort du fils ne sera pas le dernier mot.

Non ce n'est la mort de Jésus qui sera le dernier mot, mais au contraire le premier, ouvrant sur un autre espace. La résurrection comme plénitude de la vie.

Ce récit nous situe entre désespoir et surgissement de l'inattendu. Il y a une incertitude pesante. Tout semblerait voué à l'échec avec la force du refus et la mise en liquidation du dessein de Dieu.

Mais Dieu ne renonce pas aux fruits de sa vigne ni pour le présent ni pour l'avenir.

La promesse sera largement offerte. Un nouveau peuple va naître, surgir et continuer, porteur de l'unique promesse faite à Israël. Le refus va faire place à un printemps dans la résurrection du Christ. Un autre peuple portera les fruits.

Jésus avec l'image de la pierre rejetée qui devient la pierre angulaire du temple nouveau exprime cela avec une image traditionnelle. Il reprenait là à son compte le psaume 118, méditation formulée au moins cinq siècles plus tôt.

Nous sommes bien entre désespoir et espérance.

Drame du Salut qui s'est joué dans la vie, la passion et la mort de Jésus et qui se continue dans l'Église. Des théologiens comme Hans Urs von Balthazar, Romano Guardini ont éclairé le mystère chrétien, le mystère du Salut en Jésus Christ en considérant la réalité dramatique, dans l'acte unique du don de sa vie pour nous, dans la mort du Fils.

Ce monde connaît la désespérance ; il s'enferme sur lui-même dans une vaine prétention qu'il finit par ne plus mesurer, en se déclarant tout-puissant, en se comportant ainsi, en expulsant le maître.

Il n'est pas d'autre issue. Tout recevoir de Dieu, Nous recevoir de Dieu dans sa grâce. Lui rendre grâce dans la reconnaissance de ce qu'il est et de ce que nous sommes pour lui.

Tout vient de lui, toute est pour lui, comme un chant nous le fait dire avec justesse.

Nous sommes faits pour Dieu, nous sommes à Dieu, nous ne sommes pas nos maîtres. Apprendre à se remettre dans les mains de Dieu en toute disponibilité, dessaisissement et confiance.

Une question : Qu'est-ce que cela suppose comme correctif dans ma façon de penser ma vie et d'agir ?

Pour m'établir dans l'accueil du don gratuit de Dieu et du rendre grâce.

L’Église a besoin de vous…

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Recteur Père Michel Pagès

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Le Père Michel Pagès tient une permanence d’accueil dans l’église, le mercredi et le samedi de 15h00 à 18H

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