Père Christian Teysseyre | 7 mai 2023
Approchez-vous du Seigneur Jésus. Il est le chemin !
Les textes de ce jour nous invitent à vivre dans la dynamique pascale. Ils comportent une dimension d'exhortation stimulante, d'incitation, notamment par les impératifs qui sont formulés, tel celui de la lettre de saint Pierre : Approchez-vous du Seigneur Jésus. Dans l'évangile de ce jour, nous rencontrons aussi ce registre de l'impératif qui interpelle.
La foi se vit dans ce mouvement de tout notre être pour faire place au Christ, et vivre en communion avec lui. Cet appel nous rejoints en permanence. Car la foi est d'abord de l'ordre relationnel. En qui mettons nous notre confiance ? de fait ? réellement ? Dans ce temps des effondrements, et de la défiance générale, cette question est plus que jamais primordiale. Combien ont rangé la foi dans le stock des denrées périmées, élément d'un autre âge de l'humanité, d'un autre temps des sociétés comme de leur vie personnelle. Donnée culturelle rangée, étiquetée appartenant à un patrimoine religieux respectable !
Dieu, le Christ sont devenus lointains. La relation s'est estompée, effacée.
Pour qu'il y ait foi : il n'y pas d'autre réponse à recevoir : Approchez-vous du Seigneur Jésus.
La lettre de Pierre nous dit que le Christ est la pierre vivante du nouveau temple de Dieu en ce monde. Par elle tout tient et s'édifie.
Le Christ dit à tous : « Ne soyez pas bouleversés ». Le bouleversement renverse tout, déstabilise, crée un sentiment de perte ou de trop plein. Le bouleversement engendre l'incertitude. Quand celui-ci surgit et nous trouve démuni, il peut nous enfermer dans un sentiment d'inquiétude, d'impuissance, d'écrasement subissant l'onde de choc. Nous ne connaissons que trop ces peurs individuelles et collectives paralysantes. Quelle issue ? certainement pas la bravade du Même pas peur… mais la force d'aller, de marcher, retrouver la vie.
Jésus a cette parole qui sollicite notre adhésion déductive : « Vous croyez en Dieu, croyez en moi ». Cette parole de Jésus met sur le même plan la foi en Dieu et la foi en lui. Il s'agit d'une même transcendance, dépassant les dimensions terrestres. Jésus maintes fois se présente comme Celui qui vient du ciel, comme ne faisant qu'un avec le Père. Croire en Jésus découle de la foi en Dieu, en sa parole, en sa promesse. C'est le même mouvement de la foi.
Certains ont pu penser que le message évangélique pourrait s'entendre en mettant de côté la personne de Jésus et ce qu'il dit de son identité, comme envoyé de Dieu, Messie et fils de Dieu.
Nous savons bien que cette séparation entre Dieu et Jésus, entre Jésus et l'Évangile est une attitude illusoire. Tout s'effondre.
Le nom de chrétien renvoie non à une doctrine, mais à l'identité de ceux et celles qui sont devenus les disciples du Seigneur Jésus.
Nous ne pouvons croire au Christ en vérité, si nous évacuons la foi en Dieu.
Le credo que nous récitons en toute eucharistie est une matrice sûre de ce que nous croyons. Il nous indique la totalité du mystère de Dieu qui nous est dévoilé par le Christ, dans l'Esprit, en l'Église. « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ».
Le Christ ajoute aussitôt : « Il y beaucoup de demeures dans la maison dans la maison de mon Père ». Qu'est-ce à dire ? que l'essentiel consiste à nous approcher du Christ, à venir à lui, à nous laisser conduire, d'être avec lui pour demeurer avec le Père.
Nos réponses ne sont pas uniformes. Elles ne s'expriment pas pareillement ni au long du déroulement de notre vie, ni les uns par rapport aux autres. Chacun, chacune a une place dans le cœur de Dieu, chacun est appelé à trouver place dans la maison de Dieu, à chaque instant. Les handicaps, les obscurcissements, les lenteurs et les errements ne peuvent réduite au silence cet appel de Dieu inscrit dans notre cœur profond. N'hésitons pas à relever la tête comme le dit ailleurs Jésus lui-même, à regarder l'horizon de notre vie, ce qu'il nous est donné d'accueillir aujourd'hui, là où Dieu vient nous rencontrer.
Où aller ? comment aller ? Cette question de Philippe est une question que chacun connait. Jésus a cette affirmation forte, solennelle « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie ». Cela nous oblige à nous demander comment nous donnons foi à cette parole.
Nous entendons bien cette identification unique qu'opère Jésus : Je suis.
Le chemin c'est le Christ. Comme dimanche dernier il nous disait de manière semblable Moi je suis la porte des brebis. Ce Je suis dépasse la mesure que les hommes ont normalement d'eux-mêmes. Ce Je suis nous renvoie au présent éternel de Dieu.
Et puis il y a l'emploi de l'article défini le chemin, la vie, la vérité, cela indique une parfaite détermination.
En Jésus se trouve contenue la totalité de l'objet énoncé : la vie, la vérité, le chemin. Comment ne pas être fasciné par cet énoncé quand le cœur humain aspire à trouver cette totalité d'existence et que rien ne le satisfait, qu'il expérimente la fragilité de toute chose.
Saint-Augustin est à cet égard un témoin et un maître si proche et si grand de nos chemins quotidiens, nous montant comment consentir à nous en remettre à la grâce de Dieu. Le don de Dieu, sa grâce, est au centre de la foi chrétienne. Nul ne peut vivre un seul instant sans se recevoir de la grâce de Dieu.
Le monde de Dieu est toujours à laisser surgir en nous et en ce monde,
Le temple de Dieu est toujours à construire, nous en sommes les pierres vivantes, comme le disait la lettre de Pierre, prenant appui sur le Christ, la pierre vivante par excellence. Chacun prend sa part à cet édifice qui le dépasse. Nous faisons tous partie solidairement d'un tout plus grand que chacun.
Nous tenons par le Christ. Nous tenons les uns avec les autres, les uns par les autres, dans un même attachement, dans une même foi.