Une église-sanctuaire au cœur de Toulouse

Sanctuaire Saint-Jérôme L'adoration perpétuelle au cœur de Toulouse

30 septembre 2020 SAINT-JÉRÔME homélie du père L. de Bardies

 |  30 septembre 2020

Pour la fête de St Jérôme – mort à Bethléem le 30 septembre de l'année 419 ou 420 (il y a donc exactement seize siècles) – la liturgie de l'Église nous propose deux lectures qui nous parlent des Écritures : « Tu connais les Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse » écrit Paul à son disciple Timothée ; et Jésus, dans la parabole du filet que le pêcheur remonte de la mer, évoque un scribe – autrement dit un homme versé dans l'étude des Écritures – semblable à « un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien ». Comme vous le savez, sous la plume de Paul comme sous celle des évangélistes, l'Écriture que Jésus accomplit dans sa vie comme dans sa mort et sa résurrection désigne ce que nous appelons : l'Ancien Testament (le Nouveau est encore à venir).
Nous comprenons le célèbre adage de saint Jérôme : « Ignorer l'Écriture c'est ignorer le Christ ». Et j'oserai dire que Jérôme lui-même « accomplit » l'Écriture et illustre par toute sa vie la parole du prophète Jérémie : « Quand je rencontrais tes paroles, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon coeur ». Jérôme n'écrivait-il pas à un jeune moine de son monastère qu'il voulait initier à l'étude biblique : « Ne te semble-t-il pas, déjà sur cette terre, habiter le royaume des cieux lorsque tu vis au milieu de ces textes, lorsque tu les médites, lorsque tu ne connais et ne recherches rien d'autre ? »
*Donnons donc la parole à Jérôme lui-même, qui se présente ainsi : « Je suis né de parents chrétiens ; dès le berceau j'ai été nourri du lait catholique. » À la vérité, enfant unique et gâté d'une riche famille établie à la frontière actuelle de l'Italie et de la Slovénie, ce n'est qu'à Rome, où il étudie la grammaire, la rhétorique et la philosophie, que Jérôme se décide vers l'âge de 18 ans à s'inscrire sur la liste des catéchumène au début du carême de 366. Dans la nuit de Pâques, il reçoit le baptême des mains du pape Libère. Une nouvelle vie commence. C'est en Gaule, à Trèves, où il poursuit ses études, que Jérôme découvre la vie monastique. Il rejoint les moines qui peuplent le désert de Syrie, y cherchant la solitude, les veilles, la pénitence et le travail.
Nous retrouvons Jérôme à Antioche de Syrie, où l'évêque Paulin l'ordonnera prêtre, avant de l'emmener à Rome, car le pape Damase a obtenu de l'empereur la réunion d'un nouveau concile pour l'année 382. Jérôme a alors 35 ans. Ce même pape Damase finit par prendre Jérôme comme secrétaire, avant de lui demander de réviser la traduction latine des évangiles. Cette tâche, qu'il étendra à toute la Bible, va absorber Jérôme pendant 20 ans, pendant lesquels il mettra su service de l'Église une érudition acquise par de longues années de travail : Jérôme se définissait lui-même comme « à la fois philosophe, rhéteur, grammairien, dialecticien expert en hébreu, en grec et en latin, possesseur de trois langues »
Après la mort de Damase, c'est en Judée, à Bethléem que Jérôme, accompagné de quelques dames de l'aristocratie romaine, dont sainte Paula, décide de s'établir. Il y fonde trois monastères de femmes, et un monastère d'homme qu'il dirige lui-même. Une longue période littéraire commence, qui durera plus de trente ans, jusqu'à sa mort. Jérôme dispos d'une riche bibliothèque et d'un fichier considérable, fruits de se nombreuses pérégrinations. IL traduit d'abord l'ensemble des livres de la Bible sur l'hébreu, et non plus sur la traduction grecque des Septante.
Il multiplie les commentaires des livres bibliques, rédige une histoire des hommes illustres, sorte de dictionnaire biographique des hommes célèbres depuis le Christ. Et il entretient enfin une correspondance suivie. Car Jérôme est universellement consulté. 117 lettres authentiques sont parvenues jusqu'à nous. Saint Augustin lui-même lui écrit. L'évêque de Toulouse Exupère, qui vient de consacrer la première basilique (commencée par son prédécesseur Hilaire) pour honorer le corps de saint Sernin, l'interroge, entre autres sur le culte des reliques.
*Canoniserions-nous Jérôme aujourd'hui ?… Jérôme a laissé à ses contemporains le souvenir d'un homme au caractère irascible et batailleur, rendant coup pour coup dans la controverse, directeur spirituel mordant, d'une ironie cinglante, mais capable d'émotion et de larmes. L'Église honore le jour de sa fête son amour du travail et son érudition mis au service de l'Écriture, mais aussi son amour de l'Église et sa rigoureuse orthodoxie, enfin l'austérité d'une vie d'ascèse qui impose le respect.
C'est cette austérité et cette vie de conversion dans l'ascèse, à Bethléem, qui a conduit une des quatre confréries toulousaine, les pénitents bleus (pour se distinguer des confréries des pénitents blancs, des pénitents noirs et des pénitents gris, qui ont chacune donné leur nom à une rue du centre-ville de Toulouse) à se mettre sous le patronage du moine ermite (et par ailleurs de sainte Marie-Madeleine, autre pénitente), et à donner son nom à la chapelle qu'ils ont faite construire au début du 17ème siècle. C'est au lendemain de la Révolution française que cette chapelle deviendra une église paroissiale.
*L'influence de Saint-Jérôme fut grande au Moyen-âge, qui accrédita l'anachronisme qui fit de Jérôme un cardinal. Il trouva grâce auprès des hommes de la Renaissance, et fut la joie et l'inspiration des plus grands peintres du 15è au 17è siècle. Van Eyck ou Durer ont représenté Jérôme en homme d'études. IL est assis devant un pupitre. Un lion somnole comme un chat, allongé devant la table. La tête est illuminée de rayons, Jérôme semble inspiré. Un sablier, un chapeau de cardinal, quelques livres achèvent le décor.
D'autres comme le Basque Zurbaran ou l'Italien Caravage le placent dans le désert, devant la grotte qui l'abrite, étudiant ou écrivant. D'autres enfin, à l'exemple de la statuette de bois sculpté et doré sous son baldaquin, et qui se trouve dans la première vitrine de droite en entrant dans l'église par la rue Pélissier, le représentent torse nu, à genoux, les yeux tournés vers le ciel, se frappant la poitrine avec une pierre. Et, toujours, le lion du désert…
*Que demanderons-nous à saint Jérôme ? Qu'il nous fasse partager son amour de Jésus, son goût pour les Écritures, et son désir de conversion. Ce sera ma prière pour chacun de vous comme pour moi-même aujourd'hui. Amen.

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Recteur Père Michel Pagès

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