Père Michel Pagès | 30 septembre 2022
Conscients de leurs limites ou inquiets, les Apôtres disent à Jésus ; « Augmente en nous la Foi » (Luc 17, 5-10). La réponse de Jésus surprend ; « La Foi, si vous en aviez comme une graine de moutarde…vous déplaceriez les montagnes » !
Et si la Foi, ce « mystérieux don » en nous, n'avait rien à voir avec les moyens ou les forces que nous possédons ? Si, au contraire, la Foi avait quelque chose à voir avec « une force de démesure qui nous dépasse » ? Nous ressemblons tant aux Apôtres, ils revendiquent et semblent n'être jamais vraiment satisfaits, en dépit de la joie immense « d'être avec le Seigneur ».
Que faut-il comprendre ? Sans doute qu'il n'y a pas de commune mesure entre « « les plus petites graines » et « l'arbre imposant » qu'elles préparent, comme une « loi du Royaume » qui nous dit que tout se joue entre le « peu » que l'homme sème et « l'immensité » de l'œuvre de Dieu qu'il réalise au travers de ce « peu » !
La Foi fait de nous des missionnaires avec cette « loi », qui nous dit qu'il faut commencer par ouvrir les cœurs, les âmes, les vies pour que Dieu y fasse son œuvre. Dieu passe par les brèches, les fragilités, les faiblesses, les refus, pour y semer la puissance d'un amour, la force d'un enthousiasme. Le « peu de Foi » devient « la base » humble et réaliste d'une possible œuvre plus grande. « Crois seulement et tu verras la puissance de Dieu, ta Foi t'a sauvé » dira Jésus (Mt 6, 30/ Mt 8, 26/ Mt 14, 21/ Mt 16, 8).
Y a t-il une évangélisation possible sans cet accueil d'une force qui nous dépasse ? Ou est cet accueil fondamental de l'Esprit qui veut agir et soulever les montagnes ? Sommes-nous ouverts à lui, à son action, à l'attente qu'il a de nous de lui ouvrir les cœurs par le petit bout de la vie ? Il commence par là…. Sans l'accueil de cette puissance-là, aucun travail n'opère dans le temps, aucun discours de fond ne pénètre pas…Regardez vos vies, vos comportements et puis appelez l'Esprit Saint de Dieu ! Il est l'acteur principal de la Mission, mais pas sans nous, sans notre « peu ». Car, in fine, c'est lui « qui fait l'essentiel » disait le Saint curé d'Ars … celui de construire le Royaume, d'éclairer toute situation, de changer les cœurs et les consciences, à nous de lire ses signes en ce monde…
« Ne contristez pas l’Esprit Saint de Dieu » « Ne le rendez pas triste » aimait à dire Saint Paul (Éphésiens 4, 30). Préparons nos cœurs et notre Église Diocésaine qui veut discerner sur son avenir en l'invoquant…
Père Michel Pagès, recteur