Père Michel Pagès | 16 septembre 2022
Voilà une parabole qui peut interpeller nos façons d'être « en humanité » et « sous le regard de Dieu » (Luc 16, 1-13). Qui est vraiment « le maître des temps et de l'histoire » ? Qui est « intendant » de sa vie et du monde ? Qui est concerné par « l'usage des biens de ce monde » ? Jésus pointe le zèle de ceux qui, même avec malhonnêtement, savent bien gérer leurs affaires. Un Saint écrivait : « Quel acharnement mettent les hommes dans leurs affaires terrestres, rêves de grandeur, ambitions ou sensualités ! Mais là où, toi et moi, nous mettrons le même acharnement aux affaires de notre âme, notre foi sera vive et opérante, capable de vaincre tous les obstacles »…Jésus nous invite à être aussi zélé « aux affaires de Dieu et de notre Salut » qu'on peut l'être « aux affaires du monde ». Nous n'avons pas à fuir le monde mais à y trouver notre place « avec zèle » au point d'y révéler l'œuvre de Dieu en son sein. « Faîtes-vous des amis avec l'argent malhonnête afin que le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles ». Une fois de plus le « rapport au monde » peut-être le révélateur de « notre rapport à Dieu »…et cela jusque dans des débats de société qui mettent à mal ce qu'il y a de sacré, d'infiniment respectable en humanité. Je pense aux débats relancés sur « la fin de vie » et je vous renvoie à la confidence d'un médecin engagé dans « les soins palliatifs »… Il nous faut encore entendre ce qui résonne comme « une sagesse » ; « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande ». C'est donc bien dans le quotidien des choses de la vie que nous nous révélons. La vérité de notre vie prend sa mesure dans l'ordinaire, le respect des choses ordinaires. Parce que la vie humaine est, par nature, tissée de petites choses et celui qui les néglige ne pourra pas en réaliser de grandes. Entendons bien ; la sainteté de chacun passe par un tissu de petits riens, de droiture d'intention, d'authentique justice, à la charité du quotidien . Et c'est sur cela que nous serons jugés. On est loin d'un héroïsme orgueilleux. On est dans la fidélité aux petites choses de la vie. Où mettez-vous votre vie chrétienne ? Où l'exercez-vous ? Nous sommes habités d'une dignité sacrée qui a vocation à prendre visage dans notre relati8on intime à Dieu mais tout autant à le trouver dans l'ordinaire de nos relations, de nos actes, de notre droiture, de notre générosité, de notre fidélité. Quelle conscience en avons-nous vraiment ? Père Michel Pagès, recteur
On parle de « mourir dans la dignité » mais la question n'est-elle pas plutôt de « vivre dans la dignité » ?
« En premier lieu, il faut donner plus de moyens aux soins palliatifs. Mais à mon sens, en termes de vision de société de long terme, il faudrait aussi permettre aux individus d'avoir une perspective où devenir dépendant n'est pas une chose indigne. On doit leur proposer un accompagnement et arrêter de penser que la seule réponse à la dépendance est la suppression du sujet. Il s'agit d'un enjeu éthique et politique. Que veut-on renvoyer comme message sur ce qu'est la vieillesse, la maladie, le handicap ? On parle de « mourir dans la dignité » mais la question n'est-elle pas plutôt de « vivre dans la dignité » ? Comment donner aux gens dépendants, dans les EHPAD par exemple, des conditions dignes pour qu'ils n'aient pas à envisager de vouloir mourir ? En rejetant l'euthanasie, je défends mes patients, je soutiens leur possibilité d'être en vie, jusqu'à la fin, et nous devons collectivement agir pour que cela se passe dans de meilleures conditions »…