Père Christian Teysseyre | 1 janvier 2023
La liturgie de ce jour croise et entrecroise plusieurs fils donnés par la Parole de Dieu.
Le mystère de l'incarnation est rappelé de manière concise par l'apôtre Paul aux Galates :
« Lorsqu'est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme ». Tout est dit dans ces simples mots. Jésus unit en sa personne Dieu et l'homme. Il est vraiment Dieu et Homme. Né de Dieu, né de Marie. Si en Jésus la divinité et l'humanité ne sont pas séparées, alors Marie est mère de l'une comme de l'autre (nature), car les deux sont inséparables – constituant l'unique personne de Jésus, le Christ. C'est en ce sens que Marie, mère du Christ est reconnue comme mère de Dieu. Cette désignation de Marie déclare tout simplement ce que nous croyons du Christ.
A la suite des chrétiens du IVe siècle attachés à désigner Marie comme la Theotokos, Mère de Dieu, ce qui a été reconnu et confessé lors du Concile d'Ephèse en 431.
Il y quinze jours, je vous partageais cette réflexion au sujet de Marie
Marie reçoit le Verbe de Dieu. Elle l'accueille dans sa foi et dans sa chair. Saint Augustin aimera commenter que Marie a conçu le Verbe d'abord dans sa foi avant de le concevoir dans sa chair. Il a ce propos étonnant et déconcertant, mais si profond et éclairant : « Marie fut plus heureuse de recevoir la foi au Christ que de concevoir la chair du Christ… Elle était plus heureuse de porter le Christ dans son cœur que de le porter dans sa chair ».
C'est bien ce que souligne d'une autre façon l'évangéliste Luc avec cette parole qu'il reprendra dans telle autre circonstance : « Marie cependant retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». Jésus d'ailleurs déclarera heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent. Marie sans conteste a connu ce bonheur sans altération. Elle a vécu toute chose dans l'attention à la présence de Dieu en elle.
Ici ce sont les événements humbles et étonnants : avec la visite des bergers et ce qu'ils ont vu au-delà du visible, en accueillant dans ce petit enfant celui qui leur est annoncé par les anges comme Sauveur, Messie et Seigneur. De cela, ils vont louer et glorifier Dieu (ces verbes chez Luc constituent le langage de la reconnaissance de l'œuvre de Dieu).
Ce sera aussi la ritualité ordinaire avec la circoncision de l'enfant et le nom qui lui est donné, qui est celui donné par l'ange, lui-même : Jésus – le Seigneur Sauve.
Nous aussi, nous n'avons pas d'autre programme de vie que de garder la Parole, Dieu qui nous rejoint à tout moment, dans l'humble quotidien de nos vies, dans tout ce qu'il nous est donné de vivre. Nous tenir sous son regard. Dieu est venu au cours du temps (cosmique et humain). Notre temps est désormais habité par Dieu (une autre vision du temps, un temps sanctifié).
Alors nous entendons les paroles de la première lecture, du livre des Nombres, paroles qui nous résonnent d'une manière particulière en ce premier jour de l'an. « Que le Seigneur te bénisse et te garde. Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage. Qu'il te prenne en grâce. Qu'il t'apporte la paix ». Ce sont les meilleurs souhaits que nous puissions recevoir, donner et échanger entre nous. Ce sont les plus crédibles et les plus sûrs, puisqu'ils s'enracinent dans la foi en Dieu et dans sa promesse.
La bénédiction consiste à recevoir la parole de bien que Dieu nous dit et à que nous avons à dire à notre tour, en retour. Nous sommes pris dans la bénédiction de Dieu. Nous ne pouvons pas vivre hors d'elle. Dans sa bénédiction, Dieu nous rejoints dans toutes les dimensions de notre existence.
La bénédiction de Dieu, c'est le don que Dieu nous fait en toute chose, comme le dit l'apôtre Paul : « Dieu nous a bénis par toutes sortes de bénédictions = c'est-à-dire par toutes sortes de dons, de bienfaits Eph 1, 3 ». Mais le don par excellence, c'est Jésus lui-même, Verbe de Dieu fait chair. Saint-Paul précise alors : « Dieu nous a bénis dans le Christ ».
Ce n'est pas en ce seul jour, commencement d'un nouvel an, que Dieu est notre bénédiction. Nous ne pouvons vivre que dans la présence de Dieu, dans sa grâce et dans sa paix. Ces deux réalités, la grâce et la paix sont associées. N'est-ce pas le souhait que le prêtre vous adresse à chaque messe lorsqu'il vous salue : « Que la grâce et la paix de Dieu Notre Père et du seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous ». Nous ne pouvons entrer dans l'eucharistie que si la grâce et la paix de Dieu nous accompagnent.
Pour conclure, revenons à ce que Paul écrivait aux Galates, car nous y entendons la réalisation du dessein de Dieu. « Dieu a envoyé son Fils pour que nous soyons adoptés comme fils ». Ceci est fait pour nous tous (sauf exception), par le baptême que nous avons reçu, par l'Esprit qui a été répandu dans nos cœurs. Mais il y a parmi nous peut-être des catéchumènes qui se préparent à recevoir prochainement la grâce du baptême ou quelqu'un habité par le désir de la rencontre de Dieu.
Ce qui demeure ? le chantier de notre vie : réaliser l'œuvre de Dieu : vivre en fils et en fille de Dieu. C'est le souhait que chacun doit formuler à l'égard de soi-même comme à l'égard de chacun. C'est l'objet de notre attente et de notre prière commune.