Une église-sanctuaire au cœur de Toulouse

Sanctuaire Saint-Jérôme L'adoration perpétuelle au cœur de Toulouse

11 juin 2023 – Homélie Saint-Sacrement

Père Christian Teysseyre |  11 juin 2023

Devenez ce que vous recevez, le corps du Christ.

Dieu a nourri son peuple dans la traversée du désert avec cette nourriture mystérieuse tombée du ciel qui reçoit pour nom la manne, provenant d'une interrogation posée à son sujet : man hou, c'est-à-dire : « Qu'est-ce que c'est ?  (c'est quoi ?) ». C'est un des éléments qui constituent la mémoire d'Israël : ce qui lui a été donné de vivre échappe à son savoir…

Nourriture qui est donnée pour permettre la vie !

Le Dieu qui nourrit est le Dieu qui fait vivre, sans quoi c'est la mort !

Jésus reprends à son compte cet événement et sa signification. Il se dit comme « le pain vivant venu du ciel. Celui qui mange ce pain vivra éternellement ».

Manger son corps et boire son sang vont concrétiser de manière très forte la pensée de Jésus. Il s'agit de recevoir la totalité de sa vie, le don qu'il nous fait de lui-même. C'est ainsi que dans le repas de la Cène, la veille de sa mort, il dit ces paroles : « Voici mon corps livré pour vous, voici mon sang versé pour vous ». Il effectue réellement cela à ce moment en investissant de ce don le pain et le vin, avant que l'événement ne l'accomplisse la nuit suivante et le lendemain

Il y un passage essentiel que nous oublions souvent : avant de présenter le don fait de lui-même sous le signe du pain et du vin, avant d'avoir une lecture eucharistique au sens restreint du terme, Jésus énonce que c'est sa personne qui fait vivre et qui est nourriture. Le corps et le sang ne se comprennent que comme concrétisation de sa personne, de sa vie entièrement donnée pour nous.

C'est bien ce qu'affirme le premier propos du Christ : « moi je suis le pain vivant ». Sa personne, sa vie sont nourriture. 

Qu'est-ce qu'induit pareille affirmation ?

Que nous ne pouvons pas vivre sans le Christ, sans qu'il ne devienne notre nourriture.

L'être humain fait partie de ces vivants qui pour vivre ont besoin de se nourrir quotidiennement. C'est par la nourriture que nous maintenons la vie et que nous nous maintenons en vie. Nous sommes tenus de nous nourrir et de nourrir les personnes les plus fragiles, les plus dépendants des enfants aux malades, privés d'autonomie.

Tous nous sommes en fait des êtres dépendants.

Nous nourrir, c'est précisément nous reconnaître dépendant, savoir que nous ne vivons pas par nous-mêmes, c'est ce que suggère le propos de Moïse au peuple d'Israël « Le Seigneur t'a fait passer par la pauvreté, il t'a fait sentir la faim ». Passer par la pauvreté, sentir la faim d'une vraie vie est quelque chose d'essentiel dans l'expérience humaine et croyante.

Jésus a donc conscience non seulement de nous communiquer la vie, mais d'être notre vie. Il donne précisément sa vie pour cela, pour que nous ayons la vie, sa vie.

Il n'y pas que notre individualité corporelle que nous entretenons par la nourriture. La nourriture et le fait de manger ensemble nous incorporent dans un corps social qui est aussi vital pour vivre.

De même que la manne avait été une nourriture pour traverser le désert, de même le Christ devient notre nourriture pour que notre existence devienne une traversée vers la vie. La vie baptismale figure un nouvel exode en marchant vers une autre terre promise, vers une autre terre de liberté qui nous sont données dans la présence de Dieu dans nos cœurs.

En communiant au Christ, « nous avons tous part à un seul Pain ». Ces paroles de Paul soulignent – que, ce que nous devenons chacun, est inséparable de ce que nous devenons ensemble. Nous ne devenons membres du corps du Christ, chacun, qu'en nous reconnaissant membres les uns les autres de son corps qu'est l'Église. « Nous formons un même corps, nous qui avons part au même corps », comme nous le chantons avec un chant de Lourdes qui paraphrase les paroles de l'apôtre Paul. D'ailleurs se trouvent indiquées dans cette parole de l'apôtre les deux réalisations majeures, les deux effets principaux de l'eucharistie et de notre communion dans tous les sens du terme : l'unité et la charité. Unité avec le Christ et entre tous ; amour de Christ en nous au plus intime de nous-même et amour entre tous et pour tous. Voilà ce qu'accomplit le Christ en nous.

Je terminerai en commentant les deux grands Amen de la messe, parmi tous ceux que nous disons au long de celle-ci, pour donner notre adhésion à une prière, à une action. C'est dire que ce qui s'effectue ne s'effectue pas sans la participation intérieure de vous tous, sans votre adhésion.

L'Amen comme mot hébreu renvoie à la solidité de qui est énoncé, accompli. Il y a une équivalence avec « je crois » et ce que je crois, engage.

Pour le dire autrement : « Je fais confiance, je tiens ferme parce que ce qui m'est donné est solide ».

Il y a d'abord l'Amen solennel de toute l'Église, au terme de la prière eucharistique, dans la doxologie (Par Lui, avec Lui et en Lui), cette acclamation de louange qui dans une dynamique trinitaire nous faits participants de l'action de grâce présentée par le Christ (avec lui et lui), dans l'unité du Saint-Esprit, au Père pour l'honneur et la gloire de son nom. Mouvement ascendant qui nous entraîne à la suite du Christ. La communion, l'acte de recevoir le pain eucharistique nous appellera à participer à l'offrande de Jésus à son Père, en apprenant à donner notre vie, comme le Christ.

Le deuxième Amen, est celui, individuel, que chaque personne dit lorsqu'on lui présente le corps du Christ. – Le corps du Christ : Amen. Cet Amen dit, non seulement ce que nous croyons de ce pain, à savoir qu'il est réellement la présence et la vie du Christ, mais aussi notre foi en ce que nous devenons ; nous devenons en effet celui que nous recevons. Par cet Amen, nous affirmons que nous consentons à vivre par lui et avec lui.

Prêtons attention à ces deux grands Amen.

Le second au moment de la communion découle du premier.

L’Église a besoin de vous…

Les Prêtres

Recteur Père Michel Pagès

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Le Père Michel Pagès tient une permanence d’accueil dans l’église, le mercredi et le samedi de 15h00 à 18H

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