Père Lizier de Bardies | 7 novembre 2017 | parole
S’il est un reproche que les adversaires de Jésus ne peuvent lui faire, c'est bien celui de ne pas vivre selon la parole qu'il annonce. Car Jésus, le Fils de Dieu fait homme, la Parole faite chair, est tout entier identifié à la Parole qu'il prononce. Il est lui-même Parole de Dieu, et Parole en acte. Et sa parole – les signes qu'il accomplit en témoignent – est puissance de Dieu.
Mais le premier il se fait serviteur, avant de demander à ses disciples de vivre en serviteurs. Le premier il lave les pieds de ses apôtres, avant de les inviter à faire comme lui. Le premier il donne sa vie par amour, avant d'appeler tous les hommes à s'aimer les uns les autres comme lui-même les a aimés. Quant aux béatitudes que nous entendions le jour de la Toussaint, ne dessinent-elles pas avant toute chose le visage de celui qui les a prononcées, et ne sont-elles pas dans la bouche de Jésus comme le témoignage de toute sa vie ?…
Jésus peut se permettre d'être cinglant quand il stigmatise l'hypocrisie des pharisiens : « Ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens… Ils aiment les places d'honneur dans les dîners…» Les reproches que Jésus adressait au temps de l'évangile aux chefs religieux du peuple mettent à l'épreuve tout autant les chefs religieux d'aujourd'hui ! Car le moindre des baptisés se rendra vite compte que le prêtre qui le nourrit de la vie du Christ ne conforme pas facilement sa vie aux Paroles et aux commandements d'amour qu'il annonce.
Que répondre à cela ? Tout d'abord que les prêtres sont faits de la même chair que les autres baptisés (avec eux ils sont baptisés, pour eux ils sont prêtres, dirait saint Augustin) et connaissent les mêmes combats ! Mais ils sont signes d'un mystère qu'ils portent et qui les dépasse. Je vois là d'ailleurs justement un argument en faveur du célibat sacerdotal. Les qualités ou les vertus dont le prêtre fait preuve pourront être jugées au jour le jour bien médiocres. Le célibat, avec la relative pauvreté de vie qu'il signifie, et la solidarité qu'il constitue avec bien des personnes isolées, restera le signe indéfectible du don réel de sa vie que le prêtre a voulu faire au Christ et à l'Église.
LB