Père Lizier de Bardies | 17 mai 2020
Homélie : Jean 14,15-21
« Je ne vous laisserai pas orphelins » « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur. » « Vous reconnaitrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous » « l'Esprit demeure auprès de vous, et il sera en vous. »
Ces promesses du Christ à ses disciples lors de sa dernière soirée avec eux résonnent en nous au moment où nous commençons le déconfinement dû à cette pandémie qui nous a privés des sacrements mais non de l'expérience spirituelle de la présence du Seigneur. Il y promettait la venue du Défenseur, de l'Esprit-Saint que nous célébrerons dans 2 semaines à Pentecôte.
Il ne nous a pas laissés orphelins ! Par la Parole de Dieu nous avons pu accueillir sa présence, sa lumière en ce temps où nous avons médité les apparitions du Seigneur ressuscité à ses disciples, les premiers pas de l'annonce de l'évangile par les apôtres réconfortés par le don de l'Esprit. Grâce à internet nous avons expérimenté une vie communautaire plus intérieure mais bien réelle. Nous nous sommes sentis en lien avec le saint Père, avec notre Evêque, notre paroisse, notre Eglise. Nous avons vécu des temps de prière en famille dont nous n'avions pas nécessairement l'habitude. Nous avons pris des initiatives avec d'autres pour venir en aide aux plus défavorisés. Nous y avons trouvé une joie profonde. Et d'autres choses encore.
Il ne nous a pas laissés orphelins ! Durant ces semaines, Il nous a permis aussi de réfléchir à notre vie. Que retenions-nous de ce temps d'épreuve mondiale ? Nous nous sommes interrogés sur le monde que nous bâtissions : sur sa justice, sur les choix de société, sur nos choix personnels, sur notre responsabilité de citoyens, de croyants, sur la fraternité humaine, sur la présence de Dieu, sur les drames de la pauvreté et de la solitude, sur les solidarités à vivre, sur la beauté de la générosité, sur le sens de l'engagement de beaucoup, en particulier sur celui des soignants, sur le service rendu à tous par des personnes exerçant des métiers souvent peu reconnus. Nous avons touché du doigt notre fragilité, nos fragilités. Il n'y a pas de quoi se croire les maîtres du monde, du temps ni de l'avenir ! Un virus a fait plus que mille colloques !
Nous avons pensé au Christ, rejoignant les pauvres et les petits, au Christ, ayant lui-même le visage du pauvre et du petit, au Christ nous enseignant le chemin de la vérité et de la vie. Nous avons pu mieux comprendre ce qui était vrai, ajusté dans nos vies, ce qui était source de vie, de joie, de confiance, ce qui était responsable et raisonnable.
Oui, une fois encore, Il ne nous a pas laissés orphelins. Le Défenseur est venu défendre la victoire du Seigneur sur les forces du mal et de mort. Il est venu nous conduire, si nous le voulons bien, à des prises de conscience personnelles et collectives sur ce temps qui est le nôtre. Et Il nous convie à un avenir passionnant, celui de prendre notre part dans l'avenir d'un monde plus fraternel, plus juste et plus humain. La réussite n'est ni dans la domination des autres ni dans l'orgueil solitaire ni dans l'accumulation des biens matériels. Elle est bien dans le fait de faire place en nous aux autres et de Lui faire place à Lui qui vient en nous défendre cette « image de Dieu » selon laquelle Il nous a appelés à la vie !
Chers Amis, nous ne pouvons pas fuir la question : que retenons-nous de cette épreuve, de cette expérience, qui d'ailleurs n'est pas finie ? Quelles leçons, quels engagements, quelles conversions de vie, de choix, quels renouvellements ? Que nous dit le Seigneur, notre Défenseur, Celui qui habite en nos cœurs ? A quoi nous invite –t-il ?
Comme toute épreuve, si nous la vivons avec Lui, à sa lumière, à son écoute, elle pourra porter des fruits d'humanité, de vérité, de simplicité, de charité. Elle pourra nous conforter dans la force de sa promesse : Il ne nous laisse pas orphelins, il revient vers nous et nous conduit le moment venu en Lui, près du Père où nous vivrons pour toujours. Et c'est dans cette foi que nous avons accompagné ceux qui sont morts durant ces semaines, même si cela fut trop souvent dans des conditions éprouvantes.
En son temps, la Vierge Marie a vécu le temps de l'épreuve et de l'attente avec les disciples. Elle retenait ce qui se passait et le gardait dans son cœur. Elle portait l'espérance des hommes, une espérance en Celui qui vient nous relever de la mort, nous remplir de son Esprit d'amour et de vie, nous ouvrir à l'espérance qui ne trompe pas, celle qui est mise en ce Dieu qui ne nous laisse pas orphelins. Appuyons-nous sur son exemple en ce mois qui lui est consacré.
« Il ne nous laisse pas orphelins ! »