Sanctuaire Saint-Jérôme L'Adoration Perpétuelle à Toulouse

LA PARABOLE DES BREBIS ET DES BOUCS

Père Lizier de Bardies |  25 novembre 2017 |  

Au dernier jour, chacun de nous sera jugé. C'est notre grandeur et notre drame, c'est le prix de notre liberté humaine. Et la question qui nous sera posée sera la même à chacun : as-tu aimé ? As-tu fait de ta vie, autant qu'il t'était possible, au moins parfois, un « je t'aime », un « oui » d'amour ? « Au soir de notre vie, tu seras examiné sur l'amour » écrivait saint Jean de la Croix. Nous serons jugés sur ce qui fait notre dignité, et nous fait entrer déjà dans une communion intime avec Dieu, qui est Amour. Nous serons jugés sur l'amour, au sens où l'exprime la première Lettre de saint Jean : « Mes enfants, nous devons aimer, non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. En agissant ainsi, nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous aurons le cœur en paix ; notre cœur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. ».

Il ne faut donc pas avoir peur de ce jugement, car le juste Juge, le Christ Jésus, lui qui s'est fait notre frère, « n’est pas incapable de partager nos faiblesses ; en toutes choses, il a connu l’épreuve comme nous, et il n’a pas péché ». Ce jugement comportera une part de purification, nous savons bien que nous ne pourrons entrer en paradis qu'en laissant à la porte toute trace d'orgueil, de malveillance ou d'impureté, tout mensonge ou refus de pardon. Mais qu'importe l'épreuve du purgatoire, si ce jardin d'acclimatation ouvre sur le Royaume…

« C'est dans le Christ que tous les hommes recevront la vie. » écrit saint Paul dans la lecture de ce jour. Déjà le Christ est notre vie, nous qui sommes unis à lui par la foi, sous le signe des sacrements de l'Église. Mais le Fils de Dieu, par son incarnation, s'est uni à tout homme. C'est pourquoi la parabole du jugement parle de « ces petits qui sont mes frères. » Servir – au sens le plus fort où ce mot signifie aimer, faire vivre – particulièrement le plus petit, le plus faible, le plus démuni, c'est déjà servir Jésus, être uni à lui.

La parabole des brebis et des boucs est donc à la fois apaisante et exigeante. Exigeante parce que nous n'en avons jamais fini avec le commandement de l'amour ! Apaisante parce que celui qui aura donné « ne serait-ce qu'un verre d'eau, ne perdra pas sa récompense. » Apaisante aussi car elle annonce que même ceux qui auront ignoré le Christ, sur cette terre (‘Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? …'), mais l'auront servi en servant leur prochain, seront reçus comme les serviteurs fidèles de la parabole des talents que nous entendions dimanche dernier : « Entre dans la joie de ton maître ! »

Et qui sait si ce n'est pas « l'un de ces plus petits de mes frères » qui te tiendra la porte, le jour où tu te présenteras à l'entrée du paradis ?